L'Abeille

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Etats-Unis - 22 avril 2017 - De New York a Washington

Ici, c’est marche ou crève. Certes, la ville est attrayante. Tout y est possible. Entre les files interminables de taxis jaunes, les voitures aux tailles démesurées et les avenues dont on ne devine la fin qu’une fois la ligne d’horizon visible entre les gratte-ciel, on ne ressent que trop ce flot ininterrompu d’hommes et de femmes qui constituent une communauté aux règles strictes et où les premiers exclus sont ceux qui ne disposent pas d’une carte bleue largement approvisionnée. Les mondes se confrontent en permanence, tout en semblant trouver de nombreux terrains d’entente, dans la mesure où l’on n’empiète pas sur le terrain de l’autre. La diversité n’est cependant pas un vain mot. Chaque espace est différent de l’autre. Les bohèmes s’apparentent aux bourgeois, les artistes aux cadres supérieurs, les homos et les hétéros ne font qu’un, les extrémistes de tout bord n’ont d’autres choix que de fréquenter les mêmes trottoirs. Et, pourtant, dans cette apparente entente ambiance « bon enfant », les clivages sont une réalité. Il est rare que les couleurs de peau se mélangent et le communautarisme semble être une réelle valeur de repli. On ne peut rester indifférent à New York. La séduction est immédiate. En apparence, tout va bien mais, rapidement, quand les premiers codes se font connaître, un certain malaise se fait ressentir. S’il est facile de s’exprimer, il semble plus compliqué de vivre en dehors de son univers, et s’intégrer paraît être le parcours du combattant.

 

Alors on peut chercher à fuir les lumières trop attrayantes d’une ville dont la limite n’existe que dans l’imaginaire de certains. On prend le train et, bizarrement, au bout de quelques minutes, quelques timides champs de blé émergent, mais ceux-ci laissent à nouveau rapidement la place à des faubourgs qui ne semblent jamais s’arrêter. Chaque petite maison a son jardin ; régulièrement, un mât est planté au centre de ce dernier, en haut duquel trône fièrement un drapeau américain, comme si, chaque jour, une nouvelle finale de foot devait avoir lieu. On passe plusieurs heures dans un train qui se dit à grande vitesse, mais qui n’a de « grande » que la taille des sièges. On se traîne, on a l’impression de déambuler dans une incessante banlieue trop familière, tant les films nous ont bercés avec ces images du quotidien.

 

Après trois heures de Micheline (seuls les initiés comprendront ce nom), la gare de Washington se dessine. Immense hall aux dorures ostentatoires : ce ne sont là que les prémices d’une ville où, à l’inverse de New York, « tout est espace ». Aucun bâtiment ne touche les cieux ; on ne sait plus dans quel sens aborder les avenues, ces dernières semblant aussi larges que longues ; les bâtiments administratifs aux dimensions gargantuesques rythment une architecture où les espaces verts semblent prédominer, où les mémoriaux et musées se suivent et renforcent la stature de cette ville, dont le cœur ne semble être autre que la maison blanche, dont le locataire actuel paraît avoir bien du mal à se faire accepter, tant des panneaux contestataires encadrent les grilles séparant le peuple du pouvoir.

 

Et les modes de vie des autochtones ne semblent pas être en contradiction avec cette tranquillité transmise au travers des plans d’urbanisme. Pas de klaxons à tout va ; piétons, cycles et voitures semblent se partager l’espace en toute intelligence, plutôt que de manière violente. L’erreur paraît plus tolérée et l’on se sent plus libre de convoler d’un endroit à un autre sans craindre un faux pas qui entraînerait l’ire de tous. Même les taxis se prêtent au jeu : nous ne sommes plus dans une cage de verre où tout dialogue avec le conducteur est impossible, mais assis dans de vastes sièges où l’on peut aisément converser avec notre guide.

 

Comme vous l’aurez donc compris au fil de ces lignes, sous des aspects de ville administrative, Washington semble attrayante sur bien des points, même si, il faut le reconnaître, la découverte des musées laisse un goût amer, car les expositions racontent ce que les autres ont fait afin de servir la grandeur de ce pays, et non ce que ce pays a dû faire aux autres pour être là où il en est aujourd’hui.

 

À bientôt.

 

L’Abeille

 



13/05/2017
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