L'Abeille

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Liberia - 12 mars 2017 - Monrovia

Tout est petit. Une fois qu’on est descendu de l’avion, l’aéroport ne semble pas capable d’accueillir tous les passagers. En attendant que deux trop jeunes douaniers tamponnent notre passeport, on croise les doigts pour que les cieux ne déversent pas un torrent de larmes sur ceux qui n’ont pas encore eu la chance de pénétrer le mini-bâtiment. Une fois qu’on est officiellement accueilli, il faut encore attendre les nombreuses allées et venues d’un tout petit tracteur qui tente tant bien que mal de décharger les nombreux bagages de résidents ou d’hommes d’affaires, les touristes semblant manquer à l’appel.

 

Sur le parking, quelques taxis attendent leur lot de frets humain qu’ils achemineront ensuite vers la capitale Monrovia. Une fois de plus, c’est une toute petite route qui serpente au milieu de la campagne. Le bitume est partagé par tous – tacots, vélos, camions, bétails –, ce qui limite considérablement la possibilité de rallier le centre de la ville en moins d’une heure.

 

En pénétrant dans Monrovia, on se surprend à vivre plus doucement. Les hommes semblent tranquilles. Rien ne paraît les surprendre dans leur quotidien. Peut-être en raison de l’histoire de ces dernières décennies, mélange de guerres et de maladies qui ont probablement forgé un certain fatalisme, tout en transmettant une envie de vivre qui se traduit par des sourires constants et une nonchalance loin d’être désagréable. Et pourtant…

 

La ville bout de mille activités. De nouvelles constructions voient le jour un peu partout, des camions de plus en plus nombreux livrent des denrées chinoises à toute la population et des communautés indiennes et libanaises renforcent leur quartier en tentant de maîtriser de nombreux filons économiques. Les grandes compagnies de téléphone continuent leur déploiement, en précisant, au travers d’immenses panneaux publicitaires, que, grâce à eux, les populations deviennent plus proches les unes des autres.

 

Le ciel se rapproche des habitants tant les immeubles grimpent en tout point de la ville ; les routes de terre rouge deviennent grises ; le centre-ville s’affole de voitures plus nombreuses chaque jour et venant tout droit des États-Unis ; et la course à la consommation semble être un moyen de rattraper le temps perdu par des histoires de pouvoirs et de virus.

 

On reste partagés entre la sensation qu’un nouveau gâteau est à répartir et la sensation qu’il est nécessaire de développer ce pays qui n’a que trop souffert. Il ne semble pas qu’un juste milieu existe et la frénésie de devoir faire plus l’emportera probablement, urbanisant les bidonvilles situés autour de la lagune qui habille la ville, bétonnant le front de mer et industrialisant tout ce qui peut l’être. En attendant que cela se produise, il est encore possible de profiter d’une langouste sur un bord de mer habillé de cocotiers, de contempler d’immenses étendues vertes habitées par des oiseaux aux multiples couleurs. Mais pour combien de temps ?



11/05/2017
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