Afric’Home – juillet 2016 – Kinshasa > Kikiwit – RDC
L’histoire continue de s’écrire tout doucement. Le vrai départ n’aura certes pas lieu avant des mois mais rien n’empêche de se servir d’une moto pour découvrir le Congo et se faire quelques souvenirs additionnels. C’est également une bonne opportunité pour comprendre un peu mieux celle qui, si l’histoire s’écrit telle que prévue, devra me porter sur des milliers de kilomètres jusqu’en France.
Bref, sans rentrer dans un détail administratif et logistique, disons que la moto, après quelques heures de camion et d’avion, est arrivée à bon port, à Kinshasa, bien que la dernière étape, celle qui consiste à faire descendre une moto d’un camion, « à la congolaise », m’ait donné des sueurs froides… Mais toujours est-il que, quelques heures après, presque tout marche. Il me faudra encore réparer et faire réparer quelques petits détails mais les routes congolaises semblent s’offrir à moi !
Fier de mon adhésion auprès du club des motards de Kinshasa, je n’ai plus qu’à absorber les kilomètres qui me font tant rêver, non pas, je me répète, que je sois un inconditionnel de la moto, mais parce qu’il s’agit d’un moyen simple de se déplacer et de découvrir, rencontrer…
Après quelques sorties citadines, je tente donc un premier week-end avec deux acolytes, visant à essayer d’ajuster la mécanique et continuer de préparer la moto. Direction Kikwit, à 500 kilomètres à l’ouest de Kinshasa. Et premiers tours de roues, premières impressions à la hauteur de mes attentes.
Il faut tout d’abord s’extraire de Kinshasa, passer ce qu’on ne pourrait pas même appeler un « bouchon » tant par endroit le flot est compact mais, quoiqu’il en soit, emporté par cette marée mécanique, il est impossible de faire demi-tour. Et pour mon plus grand bonheur.
Une fois les portes de la capitale africaine de la fête passées, la seule route réellement asphaltée du pays, qui s’étire sur près de 1 000 kilomètres d’est en ouest (sur les 3 000 kilomètres que fait le pays sur ce même axe), s’ouvre sur de petits villages aux maisons de boues et de briques, qu’on a parfois l’impression qu’elles ont été plantées là en attendant mieux. Un jour, peut-être… Car oui, même si la misère se fait sentir à chaque tour de roue, l’agitation que génère cette artère taillée vers le centre du pays est digne des images qu’on peut voir lors de la révolution industrielle en Europe. Partout, les gens courent, hurlent, les poulets et les chèvres faisant de même. On y vend de lourds sacs de charbon qui s’alignent le long des routes, tel des quidams immobiles. On teste la résistance des matériaux en s’installant à dix dans une voiture chinoise aussi grande qu’une mini, en chargeant les camions aussi haut que les sangles devant assurer le chargement le permettent, puis, pour stabiliser ces constructions éphémères, on met des passagers dessus. De toute façon, quelques kilomètres plus loin, une panne viendra arrêter le véhicule, ce qui sera autant de répit pour les humains qui décideront, peut-être, de prendre un minibus qui, prévu pour 21 personnes, fera son maximum pour en accueillir 35.
Et les forces de l’ordre, complaisantes mais non compatissantes, défilent le long de la route, parfois avec un masque à gaz (sûrement contre la pollution) sur la tête, parfois avec un bout de tuyau en guise de matraque, recherchant ou inventant la faute qui pourra arrondir leur trop maigre salaire. Il paraît qu’on se bat pour avoir des places sur cette route. Et, sans fierté, on n’hésite pas à demander au touriste que je suis une paire de gants, un pantalon ou un blouson. Demandes que les passants répètent mais en se concentrant sur leurs besoins : de l’argent, des gâteaux, un coca (ici on dit un sucré) ou tout simplement ma moto. Mais, bizarrement, tout refus de ma part n’entraîne pas de gêne mais au minimum un sourire qui devient en général l’origine d’une discussion parfois brève, parfois intense, parfois sans fonds… Mais toujours étonnante !
Quelques nids de poule, du sable, des gens et, surtout, des vallons, des plateaux, le tout d’un vert extraordinaire, qu’une légère brume habille du matin au soir, saison sèche oblige ! Par moment, le bout du monde semble en face ; parfois, on a l’impression que l’homme a colonisé chaque parcelle. Les déserts succèdent aux huttes, et ainsi de suite jusque Kikwit, ville ensablée au bord d’une rivière, qui semble pourtant ne demander qu’à s’allumer ! On s’active pour faire ce que je n’ai pas compris, les innombrables petites échoppes de bois vendent lessives, légumes, gâteaux et « chinoiseries », et, de jour comme de nuit, les gens sont dehors à rire, danser et klaxonner. Ce n’est pas un havre de paix mais, d’après les « spécialistes », une possible citée en devenir où il faut investir ! Avis aux amateurs.
Quelques photos dispos et à venir.
L’Abeille
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