L'Abeille

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Madagascar – 11 septembre 2016 – Diego Suarez

Sur le parking de l’aéroport, on a l’impression de faire un saut dans le passé. 4L, 205 et autres voitures sans âge, qui fréquentaient nos routes il y a plus de trente ans, attendent d’hypothétiques clients devant se rendre vers les sites touristiques de la baie. Une certaine torpeur règne sur le parking que seul le vent, incessant, casse de ses rafales et sifflements, laissant par moment percevoir les âpres négociations sur le coût d’une course.

 

Après quelques kilomètres d’une route défoncée, une nature assoiffée s’ouvre à qui veut la voir. L’herbe jaune contraste étonnamment avec les eaux turquoise de l’immense baie de Diego Suarez. Mais cette beauté ne semble pas profiter aux autochtones dont on sent l’extrême pauvreté à chaque mouvement. Dans des jardins clôturés par de maigres grillages abîmés, des enfants en guenilles jouent au milieu d’épaves rouillées, tandis que les mères paraissent s’activer sous l’ombre fournie par des maisons de tôles et de torchis. Les hommes, quant à eux, cherchent ce qu’ils peuvent comme travail, afin de gagner quelques sous devant leur permettre d’entretenir des familles où il faut plus d’une main pour compter le nombre de dépendants.

 

Seules, au milieu de ces taudis, s’élèvent quelques lourdes maisons de bétons, en travaux ou achevées, appartenant à tout type d’expatriés, ayant décidé de s’installer dans ce paradis. Car oui, au-delà de la misère quotidienne, c’est un paradis naturel qui délecte le regard, quel que soit la direction où on le pose. Des baobabs en forme de croix aux patates de corail, du pain de sucre sacré trônant dans les eaux chaudes aux baies de sable blanc, pas une once de cette région ne saurait laisser indifférent. À cela se mêle l’extrême gentillesse de ses habitants, dont la langue, où certains y entendent des sonorités brésiliennes, peut faire oublier, l’espace d’un clignement, leurs conditions de vie.

 

Loin de tous, la région de Diego Suarez semble oubliée du reste du pays. Il faut plus de 24 heures pour effectuer les 1 000 kilomètres rejoignant la capitale malgache et la ville a dû trouver elle-même ses connections avec le monde extérieur. Ainsi, plus que vers Antananarivo, c’est vers l’océan Indien et l’Espagne que la ville commerce. De lourds paquebots apportent des denrées en tous genres et s’en repartent les cales chargées de poissons.

 

D’une certaine manière, on a l’impression d’un mini-royaume au sein d’un État, dont l’autorité nationale ne s’exprime qu’à travers quelques institutions régaliennes mais dont on ne sait jamais réellement l’origine. Sur les plages comme en ville, hommes comme femmes arborent un large sourire et ont la discussion facile. Les plus jeunes proposent leur aide pour n’importe quelle tâche, parfois cherchant à monnayer leur corps en espérant peut-être y trouver une voie de sortie à ce quotidien trop pesant aux perspectives limitées.

 

Car, sans savoir s’il est possible de dire heureusement ou malheureusement, on ne compte plus les couples mixtes dont la différence d’âge se mesure en décennies. Parfois choquante, il est cependant compliqué d’estimer la valeur de ces amours. Sentiments ou intérêts, ces images ne sont cependant que trop fréquentes et le malaise généré ne peut se réprimer. Même si…

 

Bref, en quelques mots, voici les impressions peut-être faciles d’un trop court séjour dans une région où, bien que tout manque, un peu de ceci et un peu de cela permettrait de créer un environnement où chacun pourrait s’y épanouir à hauteur des richesses disponibles.

 

À suivre…

 

L’Abeille



11/09/2016
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