L'Abeille

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Madiba - Juin 2018

Sur un projet de cette envergure, un projet de vie, différentes philosophies s’affrontent. La première est la plus prudente : elle consiste à dire qu’on ne peut commencer à investir que lorsqu’on est sûr de pouvoir concrétiser ce qu’on commence. Autrement dit, quand il est possible de financer entièrement le projet en question (ici Madiba), que tout peut se mettre en route.

Pour d’autres, autant commencer dès que possible, même si ce sont des « petits bouts » qu’on additionne aux autres. Certes, il y a un risque qui est celui de ne pas pouvoir mener le projet à son terme ou d’y consacrer des fonds qui risquent d’être perdus, mais, au moins, tout au long d’une réalisation étalée dans le temps, rêver fait partie du quotidien.

Enfin se pose l’éternel dilemme de savoir si toutes les étoiles sont alignées. Quand je parle d’étoiles, je parle évidemment des moments qui font la vie de tout un chacun, à savoir des moments personnels, professionnels, amoureux, de santé, financiers…

Mais, si l’on réfléchit honnêtement, à moins d’être la personne la plus chanceuse au monde (et je ne dis pas qu’il n’y en a pas), il y aura toujours quelque chose qui nous fera dire que ce n’est pas possible.

Nous n’avons qu’une vie, bien trop éphémère, et chaque occasion doit être bonne pour rêver, « arriver à ses fins ».

Vous l’aurez compris, je suis donc bien plus en faveur de la seconde option, et c’est là où l’histoire de Madiba continue.

 

Une fois l’avant-projet terminé, cette phase qui consiste à déterminer les grandes lignes de ce qui est voulu en termes de solutions de confort et de navigation, on entre « dans le vif du sujet », à savoir la réalisation des plans techniques. Pour cette étape, un designer d’intérieur vient se greffer au projet. Oui, je vois certains s’animer, se demandant pourquoi il serait nécessaire d’associer un designer à un architecte. D’autant que l’architecte devrait pouvoir penser à tout. Mais, pour essayer de résumer, disons que le rôle d’un designer naval est certes de se consacrer sur le dessin intérieur du bateau en proposant différentes options de style suivant les directions de l’armateur, mais, avant toute chose, il sert, en travaillant avec l’architecte, à optimiser les espaces de vie, à regarder et proposer nombre de détails qui pourront faciliter la vie au quotidien. Ces deux acteurs sont donc complémentaires. N’oublions pas que Madiba est un grand bateau (56 pieds, soit près de 18 mètres) et que, si la vie se dessine comme projetée, Madiba sera avant tout un lieu de vie autour du monde. Donc autant s’y sentir bien, avoir réfléchi à tous les détails possibles et, s’il est vrai qu’ajouter un designer a un coût supplémentaire non négligeable, avec le temps et le bien-être additionnel généré par les réflexions et les échanges, cette « option » sera sûrement absorbée par le plaisir d’être chez soi. Enfin, non avare de critiques constructives, l’équipe formée par l’architecte et le designer permet de soulever de nombreuses questions ramenant à une certaine réalité où tout n’est pas forcément réalisable, où les idées sont parfois saugrenues, mais, tous ensemble, cela permet d’avoir un bateau réellement « sur mesure ».

 

Pour rentrer un peu plus dans le détail, si l’avant-projet a donné de grandes directions, la mise en plans de Madiba fait ressortir certains points donc il faut remodifier certains aspects de la conception : ajouter une troisième salle de bains pour la troisième cabine, remonter tout le carré pour qu’on puisse dominer la mer quand on y est assis, éliminer la jupe à l’arrière du bateau pour gagner des rangements, réfléchir à une plateforme permettant de servir d’accès à l’eau lors de navigation sous les tropiques.

 

Commence également le calcul des performances, des poids. S’il n’est pas possible de rivaliser avec ces grands monocoques qui sillonnent les mers à la recherche de records, Madiba devra évoluer à une allure de croisière oscillant entre 7 et 8 nœuds (de 12 à 15 km/h), ce qui reste une moyenne tout à fait honorable pour un bateau de cette taille. Il sera possible, suivant certaines allures, d’aller plus vite mais, sur un programme « circum navigation », on ne cherche pas la performance mais le confort et l’endurance. Alors, quelques nœuds en plus ne feront pas une grosse différence. Vivre avec le temps est une des motivations pour naviguer. J’ai également mentionné l’importance d’avoir, quand cela est nécessaire, un faible tirant d’eau pour aller mouiller dans des endroits où seuls les catamarans ou petites embarcations ont accès. Un vrai luxe que de s’imaginer au mouillage dans un petit lagon où l’on peut descendre à pied du bateau pour rejoindre la plage.

 

Cette phase de conception va prendre entre 4 et 6 mois, mobilisant donc fortement l’architecte et le designer, et résultera en l’existence virtuelle de Madiba avant qu’un chantier ne commence la réalisation. Mais c’est là une tout autre étape qui nécessite avant de trouver les fonds nécessaires.

 

Quelques visuels ajoutés afin que vous puissiez avoir une idée de ce qui se dessine.

 

À bientôt (sur papier).

 

L’Abeille



11/06/2018
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