Philippines – 14 décembre 2013 – Tacloban
Tout commence par des sourires. Quel que soit l’endroit où l’on passe, l’interlocuteur qu’on rencontre, tout est simple et les solutions se trouvent d’elles-mêmes. Que c’est agréable ! Bien sûr, rien n’est gratuit, à part la gentillesse, mais cela rend beaucoup plus facile la découverte des problèmes nombreux qu’une partie du pays doit affronter.
Mais, avant de rentrer plus en détails sur la situation du pays, liée à un cyclone qui a détruit tant de vies et de maisons, passons quelques temps à nous attarder sur les petits détails qui mettent du baume au cœur. Tout d’abord, sachez que si vous chaussez plus que du 40, il va être très compliqué de trouver des chaussures, que si vous mesurez plus d’1,70 mètres, tous vos vêtements seront quelques peu « stretch », ou alors il vous faudra courir les artères de toute une ville afin de trouver la boutique qui dispose d’arrières de stock jamais vendus. Et, pendant vos déambulations, vous aurez sûrement l’occasion de vous trouver nez-à-nez avec des groupes de jeunes filles dont l’une des premières réactions sera de vous demander si vous êtes marié, de glousser en vous voyant, tout en jetant des regards en biais, empreint d’un certain charme. Et, cela, sans qu’on soit dans les endroits « chauds » d’une ville. On croit alors qu’on est unique, le plus beau et le plus fort et qu’il suffit de claquer des doigts pour obtenir une jeune dulcinée. Mais, quand on s’aperçoit que cela fonctionne avec tous les hommes pas trop vieux et normalement constitués, on ravale sa fierté et on part en ne comprenant pas ce que les autres ont de plus que soi.
C’est ainsi qu’on trouve en ville de nombreux occidentaux (dont je fais maintenant parti, ayant eu l’agréable surprise de voir que la bouteille de vin fièrement ramenée de France avait eu la joyeuse idée d’éclater dans mon sac), moulés dans des vêtements trop courts et des années 1975, disposant de pieds couverts d’éraflures, ces derniers ne faisant que protéger les chaussures qui se glissent sous nos voutes plantaires calleuses et dont on sent, à la tête basse, que la fierté ne les habite plus, tant ils ne sont plus uniques.
Mais revenons à nos cocotiers. En arrivant sur la ville de Tacloban, on imagine sans problème son passé rutilant, passé qui ne devait pas être âgé de plus de deux mois. Mais celle qu’on appelle Yolanda est passé par là et a tout ravagé, laissant derrière elle corps et décombres.
Tout est « par terre », ou presque. On trouve des voitures dans les arbres, des maisons dans l’eau, des débris un peu partout, certains en lévitation dans les fils électriques s’entremêlant dans les arbres déracinés, d’autres sur ce qui fut des charpentes, alors que fleurissent partout des bâches bleues qui servent à protéger ce qui peut encore l’être ou à fournir un toit pour combattre les pluies diluviennes qui s’abattent jusque fin décembre dans la région. On ne compte plus le nombre de cocotiers dévastés, les derniers debout étant figés dans le sens du vent qui sonna leur glas, les animaux disparus, les familles éclatées et les campagnes ravagées.
Mais, malgré tout cela, la population garde son inaltérable gentillesse, reconstruit avec une vitesse impressionnante, semblant envoyer un message clair : la vie continue. Les journées sont rythmées par les coups de marteaux raisonnant en tous coins et les bulldozers se frayant des chemins parmi des ordures qui s’entassent et des bouts de bois qui se prélassent au milieu de chaussées inondées en raison des canalisations explosées.
Bref, tout à refaire, tout à revoir, pour une région qui semble contenir tant d’autres charmes.
À bientôt,
L’Abeille
P.S. : Quelques photos ont été mises dans la rubrique éponyme.
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