Maroc – 12 août 2013 – Gorges du Todra
Je voudrais une route linéaire sur plus de 1 000 kilomètres, où le paysage ne varie pas, où le vent est fort et souffle de face, où le trafic n'est composé que de quelques camions de marchandises, taxis, ou voiture descendant vers l'Afrique noire afin de terminer leur vie, où il n'y a que peu de villes ou villages, pas de plantations et du désert plat à perte de vue, où seules quelques perspectives laissent contempler une mer battue par les vents que quelques pêcheurs exploitent.
Eh bien, ça existe ! Il suffit de remonter de Dakhla en direction du Nord marocain, de passer les nombreux contrôles policiers en affichant son côté « touriste », d'admirer une fois de plus des villes flambant neuves où les milliers de drapeaux marocains luttent contre le vent, puis d'attendre les premiers tournants, signe de notre arrivée dans l'Anti-Atlas.
Et, alors que depuis la Mauritanie le sable était notre compagnon de route, quel plaisir que de se servir de son volant, de changer les vitesses, de freiner et découvrir de nouveaux paysages, où de hauts plateaux rocailleux laissent entrevoir la présence d'eau par l'intermédiaire de bouquets verts sortant de nulle part, sans forme ni géométrie.
En termes de compagnons de voyage, nous perdons (temporairement ?) un de nos membres et en récupérons deux autres qui nous font l'honneur de nous accompagner avec une voiture « normale » jusqu'à Tanger, voiture que nous chargeons comme une mule afin de soulager nos vieilles 2CV. Merci à eux car c'est un réel appui qu'ils nous apportent.
On s'enfonce dans un autre pays, celui des berbères. Sur la route Agadir-Taroudant-Ouarzazate, les quelques mots d'arabes que je peux connaître ne sont d'aucune utilité car c'est ici une langue étrangère autant que le français peut l'être. Mais rien qui ne nous empêche de communiquer et de découvrir ces vallées où les couleurs ocre donnent aux roches, ridées par les mouvements géologiques, des tons changeant à chaque regard. Un délice à contempler...
Les villes et villages ne sont pas des plus charmants. Certes, il y a encore de beaux remparts, quelques belles casbahs ou ryads, quelques efforts de restauration ici ou là, le parpaing et les couleurs violettes prenant cependant de plus en plus le pas sur les maisons traditionnelles en banco et terres, mais rien qui ne séduisent franchement, si ce n'est l'accueil généralement réservé. Un bel et drôle échange humain chaque fois qu'il est provoqué. Additionné à la beauté de cette nature rude, mais d'une certaine manière prude, chaque instant devient une leçon d'humilité dont il est bon de s’imprégner. Les hauts sommets nous rappellent que nous ne sommes que peu de choses et, les ruines parsemant le chemin, que nous ne sommes qu'éphémères.
Il faut aussi compter sur une chaleur de plus en plus forte (45 degrés étaient affichés aujourd'hui) et l'on peut se demander comment les voitures ne fondent pas car, pour nous, dès « tôt » le matin, nos gorges brûlent et réclament un apport immédiat en boisson, et ce durant toute la journée.
Nos fidèles montures avancent, bien que nécessitant toujours ici ou là l'apparition ou la recherche de mécanicien(s), arrivant à nous remettre sur les roues en quelques heures. Mais nous commençons à manquer de pièces de rechange, ce qui pourrait nous coûter un peu plus de temps dans les prochains jours... Cependant, c'est l'avantage des 2CV : il y aura toujours une solution, Inch'Allah !
Certes, il n'est pas possible de compter toutes les anecdotes parsemant notre route mais il me paraît important de mentionner cette dernière. Voyant de nombreuses personnes (hommes en djellaba plutôt barbus) se diriger vers un endroit « particulier », un de mes compagnons s'est proposé d'aller voir où ils allaient, car ils se dirigeaient sûrement vers le bar du coin pour siroter une petite bière et discuter avec des demoiselles. Ce n'est qu'en route qu’il a compris que la mosquée n'était peut-être pas finalement le meilleur endroit pour « socialiser ».
La remontée continue et nous commençons à attaquer l'Atlas au niveau des gorges du Todra.
À bientôt,
L'Abeille
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