L'Abeille

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Maroc – 5 août 2013 – Dakhla

Que dire sur Nouakchott... Pas grand chose, et c'est le plus dommage. C'est une ville sans hauteur, qui n'a que peu, voire pas de charme, une agitation constante, où, finalement, seul le marché des pêcheurs peut y présenter une curiosité, d'une part par l'impressionnant nombre de pirogues s'étalant à l'infini sur la plage, d’autre part par les « va-et-vient » de ces travailleurs de la mer et des métiers associés, où quelques insignes japonaises rappellent que ce pays fournit de nombreux poissons au pays du soleil levant. Pour le reste, Nouakchott se positionne plus comme une ville-étape.

 

« Comme d'habitude », le départ fut retardé par des ennuis mécaniques, ce qui fut une fois de plus l'occasion de constater le génie mécanique africain car, en quelques tours de clefs et tournevis, des pièces ont été re-fabriquées, adaptées ou tout simplement supprimées, pour donner aux voitures de quoi pouvoir continuer la route. Un grand coup de chapeau à ces artistes mécaniques qui ne savent que trop bien ce que « se débrouiller » veut dire, quand il n'y a pas d'autres solutions (ce qui est souvent le cas).

 

Les 500 kilomètres entre Nouakchott et Nouadibou sont un réel bonheur. Les voitures roulent, voire filent parfois à plus de 70 km/h, au milieu d'un paysage assez monotone mais envoûtant, où le sable est la matière première, les arbustes et buissons la décoration, et les chameaux la « cerise sur le gâteau ». On aime finalement cette certaine nonchalance qui nous berce, où chaque détail apporte une satisfaction d'un instant.

 

Peut-être est-ce l'ouverture de la ville sur la mer, les épaves ou ruines de Cansado, ou tout simplement son climat, mais Nouadibou dégage immédiatement un certain charme. Pas de belles constructions ici non plus mais une gentillesse immédiate et un sentiment de bon vivre, qui permet de se reposer avant d'attaquer le Sahara occidental. C'est une ville à taille humaine où tout paraît accessible.

 

Une fois la sortie de Mauritanie faite, il faut traverser ce qu'on appelle le « no man’s land ». Pendant 5 kilomètres, plus de routes, peu de pistes. Simplement des cadavres de voitures, de pneus, où rien ne semble vivre dans cette terre n'appartenant à aucun État. Drôle de sensation que de se sentir entre deux civilisations. On y croise de tout : des migrants allant chercher du rêve (j'y reviendrai plus bas) aux aventuriers en herbe, comme cet australien traversant cet espace avec sa planche sous le bras à la recherche de vagues ou cette femme que les habitués jugent folles et qui a décidé d'y établir ici son royaume !

 

Il faut ensuite plus de quatre heures pour rentrer au Maroc, les formalités étant longues et studieuses. C'est ensuite le moment d'attaquer la remontée vers Dakhla, ville neuve et pimpante, située à près de 400 kilomètres.

 

Mais, avec les voitures chargées et un vent de face, il faut près de huit heures pour accomplir toute la distance, ce qui laisse le temps de découvrir un nouveau désert, beaucoup plus varié que précédemment. Le relief y est plus accentué, la mer côtoie parfois les dunes, des vallées encaissées sont l'occasion de rechercher des traces de vie, qui n'apparaissent finalement que lors de passage des deux villages implantés au milieu de nulle part, semblant n'avoir pour vocation que d'approvisionner les touristes en carburant et d'afficher le drapeau marocain à chaque coin de rue, rappelant qu'un conflit perdure dans cette région depuis déjà bien trop longtemps.

 

Au bout de la route, Dakhla s'impose comme l'étape avant de continuer la remontée vers le nord. Peu de choses à dire en plus que ce qui est inscrit ci-dessus. C'est la « grosse ville du coin », où tout est flambant neuf et où, là encore, on peut se demander s'il n'y a pas plus de drapeaux que d'habitants. Le ramadan transforme la ville en ville-fantôme le matin et en boîte de nuit le soir. Sentiment étrange que de sentir pour la première fois de manière aussi forte l'un des piliers de l'Islam. Dans ce pays si touristique, on aurait pu s'attendre au contraire.

 

Je profite une nouvelle fois de ces quelques lignes pour rappeler la source du nom de ce voyage. Pour ceux qui ne l'auraient pas noté, ce voyage s'appelle « L'espoir en 2CV » car il emprunte une partie de la route de l'espoir, nom donné principalement par les migrants maliens qui y voient là un chemin vers l'Europe, afin d'y trouver des revenus. Et, à la frontière marocaine, on comprend de suite ce qui s'y passe. Des Africains sub-sahariens se pressent au poste de douane avec leur passeport et tous ne sont pas acceptés, se voyant alors refuser un accès naturel vers « l'espoir de pouvoir gagner sa vie ». Vision parfois dure que de croiser le regard de ces « exclus », où l'on ne peut constater que son incapacité à savoir si cela est juste ou pas.

 

C'est tout pour le moment. Les voitures sont encore en réparation et le voyage devrait reprendre dans quelques jours.

 

Des photos seront mises un jour, quand les différents logiciels se mettront d'accord sur un standard commun.

 

À bientôt,

 

L'Abeille



05/08/2013
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