Mali – 6 octobre 2012 – Bamako
Ici, point de café faisant le coin de la rue, peu de débit de boissons, hormis ceux importés d’Europe ou d’ailleurs qui ne servent qu’aux riches Maliens et étrangers habitant le coin. Mais, par contre, chaque rue à son grin. Ou qu’on aille, on trouve des petits groupes, assis sur des chaises en métal, de vieux bancs en bois ou autre ; tant qu’on est rehaussé, tout va bien. Mais à quoi bon se réunir si on ne fait rien. Donc on fait ! On palabre, on argumente, on joue aux cartes, on sort parfois la télévision mais, surtout, on boit le thé. Celui-ci est universel. Il chauffe sur un petit réchaud portable, alimenté par quelques charbons achetés au coin de la rue, la théière directement posée sur les braises. S’ensuit un rituel immuable qui consiste à verser et reverser au moins sept fois le thé du verre à la théière. Une fois prêt, celui-ci est servi mousseux dans de petits verres qu’on boit rapidement, pour que le suivant puisse en profiter. Et, pendant ce temps-là, on se raconte le pays. On refait l’histoire et le futur. Demain sera forcément meilleur s’il n’est pas pareil qu’aujourd’hui.
Mais soyons réalistes : on ne passe pas non plus toutes ses soirées autour d’une théière. Pour être un peu plus sérieux, allons faire un tour vers le maquis. Cette fois-ci, on rentre dans une cour, où parfois une petite cabane fait office de toit pour un bar que certains pourraient qualifier d’hygiéniquement discutable. Des futs servent de table et ce qui passe sous la main sert de chaise. En général, un groupe joue de la musique malienne, plus ou moins de qualité suivant les endroits où l’on se trouve. On boit une bière, généralement une Flag ou une Castel ; peu de lumière car l’électricité coûte cher ; on écoute, parfois on applaudit, mais surtout on ne se parle que très peu, car de toute manière on ne s’entend pas. Dans les lieux un peu plus chics, de somptueuses créatures aux fesses rebondis et aux seins exagérément mis en valeur attendent un généreux donateur, tandis que les barmen s’agitent sans jamais se comprendre. Les quelques mots échangés concernent toujours la situation au Nord et l’activité dense en « blabla » mais jamais en « avantage en nature ». Ce qui m’amène tout naturellement vers mon dernier sujet.
Qu’il est bon d’être ministre. Disposer d’un certain pouvoir et d’un minimum de reconnaissance sociale, sans compter qu’on peut utiliser de son pouvoir pour, bien évidemment, obtenir quelques faveurs… Dans Bamako, quelques grandes rues, généralement payées par Kadhafi, sont bétonnées. Les autres sont composées de latérites, roches et trous qu’on comble avec les moyens du bord. Mais ce n’est évidemment pas très pratique, quand on est ministre, de fatiguer son automobile sur ces pistes en mauvais état. D’un autre côté, vues les finances de l’État en ce moment, on ne peut se permettre de « faire un goudron ». Mais rien n’empêche de faire venir une bonne pelleteuse, un camion de gravier et, pour des raisons de sécurité évidemment, on aplanit parfaitement la route jusque devant la porte d’entrée. Pas un mètre de plus, cela coûterait trop cher et n’aurait pas d’utilité quelconque. Par conséquent, pour savoir où habite M. le Ministre, suivez les pierres !!!!
À bientôt,
L’Abeille
PS: quelques nouvelles photos.
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