L'Abeille

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Mali – 30 Juin 2012 – De Bamako à Ouaga

6 h 30 : la lumière du jour est déjà bien installée mais Bamako semble encore dormir. Seules quelques voitures habillent les rues, une calèche par ici, deux quidams par là. Mais rien de comparable avec l’animation habituelle qui dure en général jusque tard dans la nuit.

 

Le moteur du bus chauffe, les derniers passagers embarquent et, lentement, la machine s’élance vers Ouagadougou au Burkina Faso. Pour sortir de la ville, il faut passer quelques postes de gendarmerie, avant de s’élancer sur une route où la fin de celle-ci semble s’arrêter avec la ligne d’horizon. La typique terre rouge africaine, mentionnée maintes fois dans mes quelques textes, nous escortent, tandis qu’une végétation d’arbustes de taille moyenne décore d'un vert intense les paysages.

 

La présence humaine se fait de plus en plus rare. On trouve par endroit des concentrations de huttes, identiques à celles habitant notre imagination : un cercle de terre surmonté d’un toit de paille assimilable à un chapeau pointu.

 

En cours de route, quelques contrôles d’identité arrêtent la lente marche du bus. Ces arrêts programmés entraînent une foule de petits vendeurs proposant quelques sodas, mangues, biscuits et autres petits ingrédients permettant de glaner quelques francs pour subvenir à une vie quasi monastique. Quelques vaches aux longues cornes paissent, tandis que moutons et chèvres avancent à la recherche de pâturage.

 

Il faut huit heures pour rejoindre la frontière. On montre à nouveau quelques papiers, une photocopie de carte d’identité pouvant suffire à passer d’un pays à l’autre, tant qu’on a son carnet de vaccination, et l’on franchit une maigre barrière qui s’ouvre une fois l’autorisation donnée par le chef de poste. Le véhicule parti, ce dernier retourne s’assoir à l’ombre de sa paillote, remonte le volume de sa radio où RFI tourne en boucle et retombe dans sa somnolence. Il aurait été tout aussi facile de contourner par la brousse, ça n’aurait choqué personne puisque, finalement, ces barrières plus morales que réelles ne servent qu’aux voyageurs.

 

Côté Burkina, il en est de même, si ce n’est qu’il faille ouvrir ses bagages pour permettre aux douaniers de vérifier que point trop de marchandises ne transitent. On descend six ou sept fois du bus pour faire quelques mètres, on y remonte et, finalement, on peut reprendre notre parcours. Après quelques nouvelles heures, on arrive dans la ville de Bobo où il faut changer de bus. En attendant le départ, c’est l’occasion de profiter des couleurs de la ville, d’un marché immense mais apparemment déserté, où l’animation aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle d’hier. Pourquoi ? Chacun y va de son explication, entre les problèmes au Mali, le peu d’investissement du gouvernement… Bref, c’était, dit-on, mieux avant.

 

On remonte dans notre nouvel engin, quelques passagers additionnels se greffent, dont un orchestre qui ne veut en rien se séparer de ses instruments et préfère se tasser sur les sièges avec ses biens que de les voir voyager en soute. On peut regarder une série télévisée mettant en avant deux superflics, aussi incorruptibles l’un que l’autre mais aussi fidèles que des lapins et dont la vie quotidienne se résume à boire des bières, voir des maîtresses, boire des bières, conduire des voitures et, accessoirement, aller de temps en temps au commissariat. Les éclats de rire agrémentent le voyage au même rythme que les nids de poules.

 

Minuit : le bus arrive tranquillement à sa destination finale. Le moteur qui s’éteint laisse place à la cohue des chauffeurs de taxi et des porteurs. Chacun se bat pour séduire le client et lui proposer un maximum de services. Fin du voyage et d’une petite parenthèse qui laissera de grands souvenirs.

 



30/06/2012
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