L'Abeille

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Mali – 15 juillet 2012 – Bamako

Pourquoi aller à Ibiza ou Miami ? « Bamako by Night » rivalise tout autant, qu'il s'agisse de la population noctambule que de ses us et coutumes. En quelques secondes, nous sommes bien loin des problèmes qui semblent agiter le Nord du pays, les pratiques décrites ci-dessous étant notamment ce qui compose un des nombreux sujets de confrontation.

 

Il ne faut pas longtemps pour repérer les oiseaux de nuits. Ils sont là, à gazouiller devant d'immenses bâtiments aux néons aussi grands que colorés. On les reconnaît immédiatement à leurs parures faites de lunettes en diamant, de jeans taille ultra basse et, si celui-ci ne commence pas en dessous du genoux, alors « tu es un ringard », laissant apparaître un caleçon fluo, tandis qu'un débardeur camaïeu vient mettre en valeur des corps généralement bien dessinés, s'abritant sous des t-shirt ou chemises dites « stretch », le plus souvent arborant des motifs aguichants et sans équivoques. Bien sûr, ne nous leurrons pas, le but n'est autre que de séduire Madame qui, elle aussi, rivalise d'arguments, tout en se défoulant et imitant certaines habitudes « à la télé ».

 

Des corps de rêves (en général), des talons-aiguilles, des jupes aussi courtes que des mouchoirs de poche, laissant apparaître des jambes qui ne semblent s'arrêter qu'au niveau des yeux et des décolletés empêchant en général une conversation normale « dans les yeux ». En quelques mots, il est difficile de faire plus éprouvant, un moine pouvant y perdre sa vocation en quelques secondes. Mais le jeu de la séduction tourne à plein régime, pour le plus grand bonheur des quelques spectateurs.

 

Le spectacle ne serait pas complet si les voitures (lavées pour l'occasion) ne cherchaient pas à se démarquer les unes des autres. C’est à qui aura la plus belle Peugeot ou Mercédès des années 1980, qui aura tuné son scooter chinois, qui saura se mettre en avant sans avoir à parler mais juste à exhiber ses biens matériels. Un monde parfois trop matériel que nous ne connaissons que trop bien.

 

Avant de pouvoir rentrer, il faut se battre. Traverser une foule de véhicules garés à la va-vite, se faire alpaguer par des vendeurs de cigarettes ou des enfants des rues cherchant à glaner quelques francs, se battre dans une queue interminable où, avec une certaine dose de respect, chacun pousse l'autre comme s'il ne l'avait pas vu, se faire fouiller, passer un videur pour qui un joueur de rugby australien ne serait qu'un poids plume, pour, enfin, apercevoir quelques lumières et entendre des notes.

 

Les intérieurs des clubs sont proportionnels à ce qui se passe dehors et loin des traditionnels petits maquis (j'y reviendrai dans une prochaine nouvelle). Les gens hurlent et s'agitent sur des styles ne dépendant que de l'endroit où l'on se trouve. Soyons réalistes et honnêtes : quand on est dans un lieu de débauche plein d'Africains, il est impossible de danser. Il faudrait un autre corps et une vingtaine d'années pour apprendre un seul mouvement. Les déhanchés se succèdent les uns aux autres, les jeux de bras et de jambes feraient pâlir de jalousie Mohamed Ali et les quelques Blancs qui se hasardent sur la piste rappelle un certain Mr Bean.

 

Sur le bar, très délicatement vêtu de léopard ou de panthère, on trouve généralement des Russes ou Libanaises laissant pantois nombre de clients, qui passent du coup leur soirée à ramasser leur langue. Quelques mouvements de hanches de ses créatures et le bar s'anime de clients qui ne désirent que leur offrir des verres. Nous sommes bien peu de choses...

 

Les musiques s'enchaînent, l'alcool coule à flot, la population se déchaînent et les couples se forment. Par habitude, on passe d'une boîte à une autre jusqu'au petit matin et l’on ne se repose que quelques heures avant de se heurter à la dure pénibilité d’un pays où l’économie s’effondre, l’État ne sait se trouver une voie et une possible guerre est dans toutes les têtes.

 

Alors, oubliez vos références et, au lieu de voler vers Mykonos ou Phuket, dirigez vous sur Bamako.

 



14/07/2012
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