L'Abeille

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Mali – 20 octobre 2012 – Bamako

Où qu’on soit, les cultures et habitudes restent les mêmes. Et vivre au Mali ne change pas les règles…

 

20 h, dans une sombre rue de Bamako. Le lampadaire public ne marche pas mais, au loin, quelques lampions chinois confirment la présence d’un lieu de vie qui, quelques mètres derrière une porte de métal gardée par deux Africains rachitiques, s’avère être un restaurant chinois digne de ce nom. On pourrait s’attendre à un attrape-touriste (du temps où il y en avait). Un serveur (toujours africain), habillé d’une veste en soie ornée d’un dragon, ouvre la porte d’un petit restaurant se scindant en deux parties. Sur la droite, un vrai salon de karaoké, où chantent à tue-tête quelques Chinois, à moitié ivres. Les paroles sont en chinois, les cris de joie et battements de main également.

 

En prenant sur la gauche, on arrive dans un restaurant où s’affairent quelques « locaux » tout aussi étonnés que nos chanteurs de trouver des toubabs en ce lieu. Pas un mot de français n’est connu et, dès qu’il s’agit de demander quelque chose, c’est la panique… Les propriétaires courent dans tous les sens en poussant de grands cris, cherchant, parfois vainement, le seul serveur qui parle français (ce dernier ne parlant, en revanche, pas un mot de chinois). Les commandes se passent via des numéros, après avoir regardé les visuels car, de toute manière, tout est écrit en chinois et chacun vis à son rythme. À gauche d’un bar (ressemblant au vaisseau de Star Trek), une petite pièce d’où sortent des personnes sans arrêt, certaines habillées, d’autres torses nus. Pas un regard pour les quelques clients. Ils arrivent au frigo principal, sortent quelques bières et repartent aussi bruyamment ou silencieusement qu’ils sont venus.

 

Sur le mur, une splendide horloge représentant une cascade fait défiler les secondes, secondes que doit certainement compter une souris poursuivie par un chat, ce qui ne semble pas gêner plus que ça les occupants. Et Crac !!! Après quelques minutes de course, on voit le chat s’exiler fièrement vers la sortie avec, dans sa bouche, une petite boule touffue, que quelques spasmes agitent encore. Au passage du chat par la porte, on notera le déclenchement d’une petite musique : la lettre à Élise. Probablement l’hymne mortuaire de notre souris.

 

Tout aussi étonnant : me voilà assis à une réunion à côté d’un homme de taille moyenne, habillé et coiffé de blanc, comme certains habitants du golfe persique. Son physique brun, sa barbe et ses trois téléphones portables me rappellent étrangement quelques souvenirs de transit à l’aéroport de Dubaï. Un peu plus intrigué, je me penche vers ce voisin sortant du lot et commence à discuter avec lui. Il me précise qu’il loge dans l’hôtel de Bamako, le plus beau de tous d’après ce qu’on lui a dit, mais il voudrait savoir où se trouve le centre commercial, car il a peur de s’ennuyer pendant les trois jours de sa visite professionnelle ici, et voudrait bien ramener quelques souvenirs du Mali. Quand je lui annonce que le seul centre commercial ici est un petit marché artisanal, où il n’y a ni fontaine d’eau, ni jeux de lumières ou marques de luxe, je le vois se décomposer… Il n’hésite pas à me dire, après s’être remis de ses émotions, qu’il a hâte de rentrer chez lui… à Dubaï…

 

Pour certains d’entre vous, ces quelques lignes n’auront peut-être que peu d’intérêt sur ce qu’est le Mali mais elles soulignent seulement le poids de notre culture dans le monde où nous vivons et le besoin de conserver nos repères.

 

À bientôt,

 

L’Abeille

 



20/10/2012
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