L'Abeille

L'Abeille

Mali – 20 janvier 2013 – Bamako

– Bonsoir, il est 23 h sur Radio Liberté. Avant de commencer à écouter notre premier candidat, je vous rappelle qu’il est interdit d’utiliser son prénom, mais uniquement un pseudo, que vous ne pouvez transmettre votre numéro de téléphone et que toutes les correspondances doivent être adressées via l’intermédiaire de la radio en utilisant le code qui vous sera donné ! C’est clair ? Bon, nous allons commencer ? Qui est notre premier candidat ?

– Bonsoir, moi c’est Kevin.

– Quel âge as-tu ?

– 24.

– Que recherches-tu ?

– Une correspondante qui doit être fidèle et douce.

– Combien mesures-tu ?

– 1,74 mètres.

– Quel est ton teint ?

– Noir.

– Tu auras donc la référence C197. Pour toutes les filles qui nous écoutent et qui ont été séduites par les arguments de Kevin, contactez-nous que nous puissions arranger vos échanges. Et, pour rappel, toutes vos correspondances seront lues par les rédacteurs de la radio pour être sûr que vous suivez les bonnes mœurs. Vous aurez à correspondre pendant plusieurs mois avant que la radio n’organise une rencontre dans un fast-food réputé.

 

Comme vous l’avez lu dans ces quelques lignes, il n’est pas rare, lorsqu’on est conduit dans la capitale malienne, de se retrouver « pluggé » sur cette émission phare des jeunes Bamakois, où un animateur essaye de donner vie à des auditeurs tout aussi dynamiques qu’un groupe d’octogénaires jouant au scrabble dans une maison de retraite. Mais le succès est immense. Et me voilà, samedi soir, en train d’évoluer dans les rues de Bamako avec un chauffeur qui écoute à tue-tête les différents intervenants. Mais, ce soir, je le trouve plus excité que d’habitude : après quelques discussions, il m’apprend qu’il a décidé d’appeler et, pendant tout le trajet, il tapote nerveusement sur ton téléphone, jusqu’à ce que ce que…

 

L’antenne lui est dédiée et j’écoute ce qui s’y passe en « stéréo ». Le dynamisme de mon chauffeur fait face à une peur bleue et une incapacité de parler. Les mots qui sortent de sa bouche arrivent tout juste à combler les blancs et je me demande qui pourrait être intéressée. Mais je dois me rendre à l’évidence : il n’est ni plus ni moins performant que tous les autres. Soudain, l’animateur lui pose la question fatale : « Quel est ton pseudo ? ». Je le vois paniquer, regarder tout autour de lui ne sachant que répondre, puis me regarder et sourire : « Franck ». Cela semble satisfaire l’animateur qui continue son interrogatoire. Une fois celui-ci terminé et la communication achevée, mon chauffeur me remercie chaleureusement de lui avoir prêté mon nom et il est sûr que cela lui portera chance car c’est un « nom à femme » ! Sans commentaires !

 

Quelques jours après, nous rediscutons de cet événement et voilà qu’il m’apprend être en contact avec « Naomi » et qu’il est sûr que bientôt ils formeront un couple uni pour la vie.

 

Bref, petite anecdote qui, au milieu du battage médiatique autour du Mali actuellement, nous rappelle que la vie ne s’arrête pas pour autant et qu’il y a d’autres images à garder que celle d’un pays en guerre, pour qui les problèmes ne font que commencer, que des hommes cherchent toujours des femmes et que tous les moyens sont bon !

 



20/01/2013
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