L'Abeille

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Mali – 10 mars 2013 – Sur le Niger

Faites uniquement en bois, suivant une technique bien particulière, les pinasses restent le principal moyen de déplacement des populations vivant le long du fleuve Niger entre Mopti et Tombouctou. Suivant la taille, leur réalisation prend de six à douze semaines, la touche finale étant les décorations peintes sur la proue et la poupe et qui, bien que n’ayant pas de significations particulières, sembleraient avoir des vertus protectrices.

 

Qu’elles soient minuscules ou au contraires longues de plusieurs dizaines de mètres, propulsées à la rame ou par des moteurs de voitures recyclés et adaptés pour l’occasion, servant à la pêche ou aux transports de marchandises et de personnes, les pinasses permettent d’exploiter les ressources du fleuve Niger, véritable poumon de vie pour toute une partie d’un pays.

 

Certes, il ne faut pas être pressé, mais voyager sur ces embarcations laisse le temps de découvrir des styles de vie très différents les uns des autres. En cette saison, des troupeaux sans fin de vaches descendent le long du fleuve afin de suivre les pâturages existants et d’essayer d’atténuer, autant que faire ce peut, les effets de la saison sèche qui, quoiqu’il en soit, apportera maigreur et raréfaction des sources d’alimentation pour bétails et hommes, en attendant les prochaines pluies. C’est ce qu’on appelle la période de soudure. Pendant ce temps, de nombreuses petites pinasses se déplacent, essaimant sur tout le fleuve des filets et lignes de pêche au travers desquelles nous devons zigzaguer pour ne pas bloquer l’hélice. Le fleuve est très poissonneux et il n’est pas rare d’observer sur la surface des centaines de poissons sautant sans cohérence mais donnant l’impression d’un ballet continu.

 

Sur les berges, les femmes et enfants sont dans une logique plus ménagère. C’est un évier géant où chacun fait sa vaisselle, se lavant ou tout simplement jouant dans les eaux sableuses du fleuve. Car il ne faut pas oublier que le Niger déambule, à partir de Mopti, dans une zone sahélienne, voire saharienne. Les berges sont principalement composées de sable et le désert guette derrière quelques arbres, ne demandant qu’à s’emparer de cette artère. Des dunes se dressent, le sable se laissant bercer par le vent mais, pour le moment, le désert est tenu en échec, bien qu’une certaines désertification puisse lui donner raison, à moyen terme.

 

Les pinassiers, avec les pêcheurs, sont les maîtres du Niger. Ils en connaissent tous les recoins et sont capables, de jour comme de nuit, d’avancer au milieu des fonds et hauts fonds, bien que certaines pinasses trop chargées par rapport au niveau du fleuve ne puissent résister à se vautrer par endroit sur des bancs de sable. Il faut alors toute l’énergie des passagers pour les pousser et reprendre une route sinueuse. Ils y a de tout sur une pinasse. Chauffeurs, cuisiniers… On y transporte les poules qui serviront de repas ou l’on achète en cours de route les poissons qui composeront notre souper. Pas une technique qu’ils ne maîtrisent pas, se transformant, quand c’est nécessaire, en mécanicien, pour ramener à la vie des moteurs parfois sans âge et qui ne semblent vouloir qu’une chose, prendre une retraite bien méritée.

 

Ici et là, quelques hippos somnolent. On devine leurs oreilles-gueules mais tout le monde les laissent tranquilles. Bien trop gros et dangereux pour les petits terriens que nous sommes !

 

Il est inutile de parler des couleurs et atmosphères qui se déploient tout au long du fleuve. J’espère que les quelques photos parleront d’elles-mêmes. Il est vrai qu’en quelques lignes il est compliqué de décrire ce qu’une telle expérience offre mais il est facile d’imaginer ce qu’elle apporte.

 

À bientôt,

 

L’Abeille

 



10/03/2013
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