L'Abeille

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Mali – 23 juin 2012 – Bamako

Pour beaucoup, Bamako se résumerait à cette maxime célèbre : « le dimanche à Bamako, c’est le jour de mariage… ». C’est vrai. Le dimanche, les rues se voient envahies de petites tentes, des sonos nasillardes semblent se livrer à une compétition de « à qui hurlera le plus fort » et les tenues colorées créent une myriade d’images, toutes aussi belles les unes que les autres. Les ruelles s’animent et les enfants s’en donnent à cœur joie, couvrant de leurs cris les rires des adultes. Finalement, le dimanche à Bamako, c’est le jour où on ne peut pas dormir…

 

Mais Bamako, ce n’est pas seulement ça. La terre rouge semble envahir les rues, des bâtiments rutilants, parfois kitsch, côtoient de simples maisons de terre cuite, tandis que les ânes (encore et toujours) rivalisent d’efficacité avec les plus gros 4*4. Bien que stoppée dans son avancée par la crise en cours, à coup d’investissements étrangers, la ville s’est construite, développée, peuplée. L’Arabie Saoudite a construit tel pont, Kadhafi tel hôtel ou telle cité ministérielle, tel autre pays un immense parc en centre-ville..., ce qui donne parfois l’impression d’une construction un peu anarchique, sans réelle cohérence mais, les bâtiments n’ayant que peu de hauteur, on garde toujours l’impression d’être dans une petite ville.

 

Le football est légende ici. On ne jure que par les plus grands joueurs, on arbore de tout temps le maillot de son équipe de foot, on est bien évidement derrière l’équipe nationale (surnommée les aigles du Mali) mais, surtout, qui dit match dit rassemblement. Peu de familles peuvent s’offrir le luxe d’avoir une télévision. Du coup, on s’organise comme on peut et, à chaque coin de rue, ceux qui ont ces « fenêtres sur le monde » les installent dans la rue, s’offrent les meilleures places et tout le voisinage ou les passants sont conviés à regarder. Chacun y va de son petit mot et, dès qu’un but est marqué, on entend applaudissements et cris de joie, même si l’on est en train de regarder Slovénie-Balkans… Surtout en cette période d’Euro. On pourrait se croire il y a un demi-siècle (période que je n’ai connu qu’à travers des images de films ou magazines), où les quidams se réunissaient devant les magasins de téléviseurs afin d’assister aux événements majeurs.

 

Mais on sait également se divertir autrement. Il suffit de se promener autour du stade de Bamako pour s’acoquiner avec l’équipe nationale de lancer de javelot, observer des combats de lutte ou essayer d’approcher les futurs footballeurs de demain ; ces derniers, n’ayant pas les moyens de s’acheter des chaussures, jouent pied nus sur un sol de cailloux et de terre sèche. Il fut un temps où l’on pouvait jouer au tiercé sur l’hippodrome de la ville mais, aujourd’hui, on ne trouve que quelques pauvres carnes sous-alimentées, incapables de supporter leur propre poids et attendant vainement quelques touffes d’herbes apportées par leurs anciens jockey. Le centre du champ de course est devenu un espace de jeu et quelques opportuns arrivent à tirer leur épingle du jeu en faisant faire des tours de cheval sur des mules.

 

Bref, Bamako se dévoile très doucement mais semble aujourd’hui sur une pente descendante, due à une crise qui a surpris tout le monde et qui, en plus d’affecter l’économie, s’attaque à la culture même du pays. Mais, lueur d’espoir, tout le monde s’attache à la devise nationale « Un peuple, un but, une foi » et l’on croit encore que demain saura être meilleur.

 

Quelques photos ont été ajoutées.



23/06/2012
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