Mali – 10 mai 2013 – Tombouctou
Autrefois appelée « la Perle du désert », nommée encore aujourd’hui « la ville aux 333 saints » en raison de ses nombreux mausolées, Tombouctou se dresse au milieu du sable peuplé d’épineux, à quelques kilomètres du fleuve Niger. L’ambiance est morne, pour ne pas dire morte. Quelques militaires maliens contrôlent fiévreusement les entrées de la ville et, à l’intérieur, la première impression est celle d’une ville qui semble sortir d’un long sommeil.
On imagine facilement que cette ville a pu susciter un engouement et une certaine unanimité quant à l’atmosphère qui devait s’en dégager. Des bâtiments imposants faits d’une pierre de taille locale, l’une des seules villes au Mali ayant ce type d’architecture, des rues pavées, des labyrinthes chargés d’histoires, des mosquées en banco à chaque coin de rue, mais également des portes au design si typique.
On devine aisément qu’il y a encore quelques temps cette ville recevait l’assaut des touristes, au regard des nombreux panneaux d’hôtels et auberges proposant la chambre la plus confortable au meilleur prix, accompagnée des meilleurs services. Mais, aujourd’hui, peu ou rien ne se passe. La chaleur écrase une ville fantôme, où les quelques voitures qui circulent sont celles de militaires armés jusqu’aux dents, de quelques quidams cherchant une petite épicerie ouverte, ou d’ânes et chiens errant profitant de ce calme absolu pour s’approprier les allées et autres, d’où ils sont traditionnellement chassés à coup de jets de pierres, par des enfants au cul nu n’ayant d’autres occupations que de leur courir après.
Que dire des vestiges de ce que fut ce que certains appellent aujourd’hui « l’occupation par les islamistes » ? Quelques amas de pierres ici et là résultant de destructions médiatiquement diffusées, des inscriptions plutôt équivoques, promouvant un certain de style de vie décrié par beaucoup d’institutions et de populations, quelques vitres cassées, et des banques ou autres bâtiments publics dévastés. On y trouve aussi les vestiges de voitures barrant la route aux éventuels agresseurs et les quelques bombardements opérés par les forces françaises laissent eux aussi quelques décombres aux coins de certaines avenues.
Mais on dépoussière les salles, on nettoie les rues ; quelques élèves reprennent le chemin des quelques écoles ré-ouvertes ; on y voit même d’anciens guides touristiques reprenant leur place le long de la grande mosquée, attendant une occasion de gagner quelques francs, dans une ville où tout le tissu économique locale est à refaire.
Une nouvelle page semble s’écrire sur cette ville qui en a déjà connu de nombreuses, parfois violentes, parfois pacifiques, parfois politiques, mais toujours historiques. Tel un phœnix mais sans prétendre qu’un déluge s’est abattu sur cette ville, les cendres du passé laissent place à une nouvelle vie. Reste à observer quelle sera la direction donnée.
D’ici peu, la ruée qui semble se dessiner sur la ville, sur le pays, devrait se confirmer. Ce sera à qui donnera le plus d’argent pour réparer ceci ou faire cela, ce sera à qui sera le premier dans tel endroit, et l’arrivée des Nations Unies ne fera qu’enflammer des coûts qu’une population locale, restée ou déplacée, a déjà du mal à supporter. Sous un couvert de vouloir « bien faire », il n’est pas impossible que les remèdes ne soient pas adaptés aux maux actuels et que ce qui reste du tissu local, qu’il soit social, économique, communautaire ou autre, n’en soit détruit pour longtemps.
Quelques photos ajoutées, qui donneront un petit aperçu de ce lieu unique, longtemps carrefour des civilisations.
À bientôt,
L’Abeille
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