L'Abeille

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Afghanistan – 19 septembre 2014 – Kaboul

Qui ne rêve pas de posséder son petit (ou grand) appartement à Kaboul ? Le marché semble ici de plus en plus florissant et prometteur, tant les constructions sont nombreuses. Où que l’on tourne la tête, on aperçoit des ébauches d’immeubles d’une dizaine d’étages mais dont la construction ne rassure pas toujours. Tout d’abord, il vaut mieux voir le bâtiment achevé car, autrement, tous les doutes sont permis… Les murs faits de briques rouges à la qualité douteuse s’ancrent les uns aux autres par quelques mèches métalliques qui semblent avoir traversé les temps depuis l’ère soviétique jusqu’à maintenant. Les connexions (électricité, eau…) ne sont pas toujours pensées dès le départ et il faut la venue (anecdotique) d’un ingénieur pour rappeler que ces éléments sont nécessaires et qu’il faut donc les rajouter « où l’on peut ». Alors que certains propriétaires se passent simplement d’ouvriers qualifiés, ils dessinent au fur et à mesure les plans de leur bâtiment, relayant Le Corbusier, Gaudí ou Daniel à de simples amateurs. On trouve des pièces sans fenêtre, parfois sans accès, des salles de bain et des hammams occupant la majorité de l’espace vitale ou des peintures qu’on ne mettra que si « l’on a le temps ».

 

Mais tout ne suit pas cette tendance. Des dizaines d’immeubles se construisent par endroit, suivant la même architecture, les mêmes codes, donnant à certains quartiers des allures de Disneyland. Ces nouveaux éléments urbains vantent alors tous les éléments assurant le minimum vital de ces lieux-dits : sécurité, convivialité, parking, facilité d’accès. Sur ce dernier point, les ascenseurs sont une vraie touche de modernité. Il devient compliqué de monter les dix ou quinze étages de son « chez soi » sans bénéficier de ce nouvel outil. Mais, pour les faire marcher, il faut de l’électricité et il faut les entretenir, ce qui coûte quelques sous aux promoteurs. Certes, la distribution d’électricité s’améliore dans la ville mais les coupures ou chutes de tensions restent monnaie courante et peuvent durer parfois plusieurs heures. Il importe cependant de séduire le quidam afin de vendre un petit lot ; et, pour se faire, les ascenseurs fonctionnent autant que possible jusqu’à ce que le dernier appartement soit vendu. Une fois que tout est parti, cet outil tombe « en panne » pour ne plus se rallumer…

 

Mais de petits ensembles d’immeubles gris de trois étages construits sous les Russes dans les années 1980, qu’on appelle Micromayan, restent « ce qui se fait de mieux » en la matière et il est quasiment impossible d’en acquérir un, tant la demande est forte et l’offre inexistante.

 

Cette tendance à construire reflète également un aspect culturel assez fort. Il y a encore quelques temps, rares étaient les immeubles et Kaboul comptait un grand nombre de maisons traditionnelles sans étage. Mais, dans les quartiers, si une personne se met à construire une maison sur plusieurs niveaux, alors tout le quartier s’y met. Il ne s’agit pas de concurrencer son voisin mais tout simplement d’éviter que ceux habitant en hauteur ne puissent contempler la vie de famille de ceux restés au sol, et donc de prendre des photos des femmes remplissant leurs tâches ménagères dans les jardins. On assiste donc à l’éclosion de maisons en tout point de la ville, et je reviendrai sûrement plus tard sur ce style si particulier de ce qu’on nomme ici les maisons pakistanaises.

 

Une fois qu’on est bien loti, il convient de se divertir. Les piscines se développent dans Kaboul (et dans d’autres grandes villes telles Mazar et Herat). Elles sont l’œuvre de riches Afghans qui s’orientent vers ce type de business, car fort lucratif. Les piscines sont ouvertes tous les jours, jusque tard le soir. En entrant, on paye son dû et l’on se voit remettre une paire de tongs, un maillot de bain, une serviette et une clef de cadenas. On se change, on passe au travers de deux douches, un pédiluve et le stade aquatique nous est alors ouvert. On patauge, on s’éclabousse au milieu de dizaines de personnes (uniquement des mâles), on profite du sauna, où la chaleur est parfois plus due à la proximité de ses voisins qu’aux émanations technologiques. On côtoie d’autres corps dans le jacuzzi et, lorsque l’envie nous prend de faire quelques longueurs, il faut zigzaguer entre tous ces gilets gonflables de sécurité qui habillent une majorité de nageurs, tant ce sport-loisir est une découverte pour les citadins, car peu habitués au milieu aquatique. Ici, nul maître-nageur ; chacun y va de son conseil, pouvant inspirer ceux en recherche de nouveaux styles de nages. En sortant, on a même le droit à une distribution de gel pour les cheveux, de parfums, de crème hydratante et de coton-tige. Il ne faut pas hésiter à faire ses provisions pour la semaine.

 

Au travers de cet exemple, il importe de comprendre que, malgré la paupérisation de la population et un exil, pour les plus fortunés, vers des pays tels que la Turquie ou l’Inde, l’émergence de nouveaux loisirs devient une nécessité. On parle de l’ouverture prochaine d’un stade de Paint ball en plein Kaboul. Je pense qu’il sera intéressant de voir à quoi cela pourra ressembler !!!!

 

À bientôt,

 

L’Abeille



19/09/2014
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