RDC – 8 août 2015 – Kinshasa
Lorsque l’avion atterrit sur la piste de Kinshasa, les passagers applaudissent. D’après mon voisin, il s’agit de remercier Dieu de les avoir amenés à bon port, car les accidents d’avion en RDC sont monnaie courante. Le dernier qui a eu lieu il y a à peine quelques mois a été dû à un crocodile. Oui, vous lisez bien, un crocodile… Au moment de l’embarquement, il semblerait qu’un des passagers ait réussi à faire monter un crocodile. Ce dernier, ne semblant pas se plaire dans la soute, aurait réussi à se libérer et à passer côté passagers. Forcément, les voyageurs, quelque peu surpris, après quelques cris, se sont tous déplacés d’un côté de l’avion, entraînant une perte de stabilité de celui-ci, avec les conséquences qu’on connaît. L’histoire ne dit pas si le crocodile a survécu…
Kinshasa semble ne jamais terminer : partout des maisons de bric et de broc, des gens, des enfants, une nuée constante qui ne semble s’arrêter qu’au delà de l’horizon mais qui ne cesse de vibrer. Chacun y va de son petit métier afin de gagner quelques francs. Tous existent : ceux que nous avons oubliés (pompistes, cireurs, porteurs…) et d’autres qu’on ne soupçonne pas, principalement liés au fait de réutiliser tout ce qui doit être jeté. Avec un bout de ficelle et deux cannettes de bières, certains sont capables de fabriquer un moteur de voiture ; d’autres rechargent votre mobile dans la rue pour 50 francs (pour information 1 000 Frs = 0,90 €) ; et, dès que vous êtes garés, de multiples gardiens se présentent à vous pour assurer la sécurité de votre bien roulant.
Mais, loin de toutes ces misères humaines, liées principalement à un gouvernement qui ne s’occupe que trop peu de son peuple, les couleurs et les rires sont de tous les instants. Une innocence apparente rythme les jours et nuits des Kinois. Dieu, sous toutes ses formes, est présent partout. Au travers d’églises catholiques mais également d’évangélistes et pasteurs qui, moyennant de fortes contributions en espèces sonnantes et trébuchantes, vous promettent travail, argent, femmes (ou homme fidèle), un futur enfant président et bien d’autres choses encore. Il va falloir que j’essaie (la prière, pas les enfants)… Les bars et petits débits de boissons côtoient les vendeurs de brochettes et de pains. Dès 17 h, la musique s’éparpille dans les rues, pour attirer les quidams. Le succès des discothèques réside dans la quantité de miroirs présents sur les murs, pour permettre à Monsieur et Madame de se regarder en remuant délicatement son petit bassin et, une fois la séance terminée, on reprendra une camionnette probablement achetée avant le règne de Mobutu, pour rentrer chez soi. Bien sûr, certains ont de l’argent, beaucoup d’argent, et, dans ce cas, la voiture devient l’outil d’affirmation de son pouvoir, l’outil de séduction (un peu comme chez nous finalement).
Nous sommes en pleine saison sèche. Pas une goutte ne tombe malgré de lourds nuages qui obscurcissent constamment le ciel. La poussière, le sable sont des constantes. Mais, quand on jette un coup d’œil au-delà des quartiers chics, les routes ne sont que des amas de terre aux infinis nids de poules. On imagine assez bien la triste réalité qui se joue en saison des pluies : de la boue et des inondations sont le quotidien de millions de Kinois. À cela s’ajoute une électricité stabilisée uniquement dans le quartier des ambassades, nécessitant une nouvelle fois de plus cette « débrouille » indispensable à la vie, parfois la survie.
On ne peut que se demander comment une ville en apparence si désorganisée peut fonctionner. Et, pourtant, elle marche. Chacun sait ce qu’il a à faire, comment il doit le faire et pourquoi. Comment on s’y repère, on s’y retrouve. Il va donc me falloir quelques temps pour tenter de comprendre les rouages de ce monde qui semble si loin de tout.
À bientôt (Pas encore de photos, mais cela ne saurait tarder).
L'Abeille
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