L'Abeille

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RDC – 2 – 5 janvier 2008

Bonjour tout le monde,

 

Quelques nouvelles du Congo, pour vous en dire un peu plus sur comment se passe la vie ici...

 

Je commence mes rotations entre Lubumbashi et le district de Kalemie (dont Manono, Moba, Congolo, Kabalo, Manono, pour ceux qui voudraient regarder sur une carte), et passe de la « grosse ville minière » aux petits villages de brousse. Pour se déplacer, tout se fait (comme je le disais dans mon précédent mail) en petit avion, en atterrissant sur des pistes taillées au jour le jour.

  

Côté rythme de vie, ça commence à se mettre doucement en place. Je me lève vers 6 h 30/7 h 00 pour attaquer le bureau ou terrain à 8 h et terminer entre 19 h et 23 h suivant les urgences. J'ai fait la connaissance de pas mal d'expatriés des cinq continents, ainsi que de Congolais (le 19 janvier, suis invité à un mariage congolais, il paraît que c'est haut en couleur). En dehors de ma tournée des sites (qui va passer à deux fois par mois), à Lubumbashi, je suis totalement autonome (déplacement, vie...) et, même si on se voit souvent avec les autres expat’, c'est plutôt une vie solitaire. Mais mon poste va probablement évoluer, et je ne passerais plus que quinze jours par mois à Lubumbashi (incluant mes tournées), une semaine au fond de la brousse, et une semaine à Kalemie. Côté sport, c'est pas évident, car il n'y a pas d'infrastructures, mais on arrive toujours à se débrouiller...

 

Pour le travail, je suis chargé de créer et agencer des espaces de stockages de médicaments, trouver les moyens de locomotions qui vont bien et les affréter, gérer les achats du petit et gros matériel (de la papèterie aux véhicules), trouver les fournisseurs, et puis toute une partie administrative. Pour trouver de la main d'œuvre, il n'y a qu'à passer 10 minutes dans la rue et demander... Ça marche (cf. exemple ci-dessous). Je m'occupe également de ce qui est télécommunication, énergie, et je commence même à faire de la réhabilitation ou création de bâtiments. J'apprends énormément, sur le travail, les gens et moi-même... C'est vraiment top.

 

Côté anecdotes, j'ai pu découvrir la vie nocturne congolaise (à Kalemie). Ben, nous, avec nos soirées, on peut aller se cacher... Une ambiance et une façon de danser qui m'ont fait halluciner. Il faut imaginer une piste de danse pleine à craquer, avec une cinquantaine de personnes (c'est gros déjà), des femmes et des hommes allant de la posture accroupie à debout, les mains tendues vers le ciel, en train de se déhancher, hurler, RIRE, et bouger sur tout type de musique, avec un son plus adapté aux sourds qu'aux bien-entendants, le tout éclairé avec deux petits projecteurs (pour toute la boîte), ce qui fait qu'on n’arrive même pas à voir sa bouteille... Pour appeler le barman (qui est plus souvent en train de discuter dehors), on tape très fort son poing sur le bar jusqu'à ce qu'il arrive. Pour reconnaître le videur, pas de soucis : c'est le seul dans toute la boîte qui a un gilet fluorescent type travaux publics.

 

À part la route de l'aéroport, rien n'est goudronné, on voit des scènes aussi drôles qu'incompréhensibles... Les coursiers français ne sont rien à côté des congolais. Sur leurs petits vélos, on trouve, en même temps, 40 litres d'essence, une caisse de bouteille de Coca, des feuilles de palmes et... une chèvre (encore) saucissonnée dans un cageot et avec juste la liberté de lever la tête pour regarder le paysage. Le vélo est plus un moyen pour porter que pour se déplacer. On peut voir des papis de 65 ans qui transportent sur leur tête des planches de 8 mètres de long (et qui arrive à braquer sans soucis), des femmes avec des poids immenses (toujours sur leur tête) comme des réserves d'eau, huit ou dix poules vivantes dans une bassine...

 

On trouve plus de voitures poussées par des hommes, que des hommes installés dans des voitures. Et le rapport temps/distance est juste hallucinant : pour faire 300 kilomètres sur la piste la plus empruntée de la région, il faut compter onze heures (quand il ne pleut pas) ; quand on arrive sur des petites pistes, 170 km = 2 jours.

 

En dehors de l'avion (qui est très cher), beaucoup d'autres transports se font par pirogues ou à dos d'hommes. Un de nos camions est tombé en panne à 40 kilomètres de sa destination finale ; en un temps record, la meilleure solution trouvée fut de recruter à l’improviste une quarantaine de « bonhommes » qui passaient par là et, en échange de 4 dollars chacun (ce qui est un bon salaire ici), ils ont acceptés de faire les 40 kilomètres à pied (soit dix heures de marche) jusqu'au village... Ils sont fous ces Congolais... Conclusion : nos cinq tonnes de médicaments ont été livrés à pied à travers la brousse…

 

Première partie de foot avec les locaux : je me suis fait laminer ; j'ai dû repartir à quatre pattes, tandis que, eux, après deux heures sous un soleil de plomb, continuaient de courir tranquillement...

 

Niveau sécurité, à part Lubumbashi, c'est assez sport : couvre-feu dans certains villages, pas le droit de sortir le soir seul et à pied, toujours avoir un moyen de communication sur soi, et prévenir de ses moindres faits et gestes. Faut pas oublier que nous sommes à 200 kilomètres d'une région toujours en guerre et que les tensions sont assez palpables. À mon arrivée à Kalemie, la première chose que j'ai pu voir était un policier passant sous les roues d'un camion militaire ; c'est parti en « live » dans la foulée avec une bataille générale entre militaires et policiers, on a vite déguerpi... Et ce sont des choses très courantes ici. On a également des partisans d'un chef rebelle (Laurent Kounda) qui viennent militer, ce qui crée très vite des tensions.

 

Vous savez à peu près tout de ma vie congolaise pour le moment.

  

À plus,

 

L'Abeille



05/01/2008
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