L'Abeille

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RDC - 25 aout - Mbuji Maï

Seconde ville du pays, Mbujimayi ressemble pourtant à un village abandonné de tous. Les routes asphaltées sont épisodiques, l’électricité est un concept d’autres mondes et l’eau, dont la région est si riche, ne sait être une denrée courante. De jour comme de nuit, des fûts remplis de ce précieux liquide roulent à travers toute la ville, des vélos chargés de nombreux jerrycans proposent, moyennant « un petit rien », de livrer l’eau à domicile et, pour les plus démunis, on va à la source, parfois à plus d’une heure de marche, avec ce qu’on trouve…

 

Scènes de misères quotidiennes pour une ville qui se veut comme l’une des principales capitales du diamant. Dès qu’on s’éloigne du centre urbain, ils sont partout, dans les rivières et dans les terres, mettant à profit leur formidable énergie pour ressortir quelques cailloux que d’autres, loin de là, s’arrachent à millions, sans se douter des efforts qu’il a fallu faire pour que ces initiateurs ne gagnent que quelques misérables dollars. Dans la journée, on creuse, on trie, on espère. Le soir, on part en ville pour y vendre la collecte du jour.

 

De temps en temps, un riche acheteur passe se faire connaître de tous, et c’est alors une ruée de ceux qui ne font rien. Tous se pressent devant leur voiture, improvisent des cloches avec une boîte de conserve et des cailloux, chantent et dansent, se prosternent, en espérant que celui qui vient acheter « le fruit de la terre et du travail des hommes » saura jeter par la fenêtre quelques précieux billets. Ici, on se rend compte plus que jamais que si, en chaque être humain, l’espoir semble mourir en dernier, la fierté n’a pas sa place devant tant de pauvreté.

 

Ville grise sans couleur et sans chaleur, Mbujimayi se veut, en plus, inabordable. Aucune vraie route ne relie cette ville et bien des produits arrivent là par avion. Donc tout y est cher, inabordable. On n’agrémente que peu son quotidien de ces petits plaisirs qu’on ne saurait fabriquer ici. Point de condiments dans le repas quotidien, trop cher ! Peu de bières pour discuter « le bout de gras » le soir, inabordable ! Donc aucune vie sociale, à quoi bon parler de rêves qu’on n’a pas, d’une situation qu’on ne comprend pas.

 

Et les paradoxes sont tels que d’autres habitants vivant sur ce qui se veut être la route principale, pouvant rallier cette ville au reste du monde, n’ont rien trouvé de mieux pour survivre que de faire de profonds trous, où camions et voitures viennent s’embourber. Une fois un véhicule planté, cette même foule qui a creusé propose ses services pour désembourber le véhicule. Là encore, chacun propose ce qu’il peut pour survivre. Malice, malhonnêteté, signe d’espoirs qui n’existent pas, aucune définition ne saurait être appropriée à cette situation causée par un système qui ne donne rien à ceux qui ne savent pas « se débrouiller ».

 

Encore plus loin, les villages qui parsèment la route ont leur vie bien à eux. Comme partout, c’est jour de marché. De toutes parts, les femmes arrivent, de grandes bassines sur leurs têtes remplies de leurs cultures locales. Habillées de pagne, elles marchent parfois une dizaine de kilomètres pour repartir avec des denrées qu’elles ne savent pas développer chez elles. Posés à même le sol, sur de petits tissus, les produits s’exposent mais ne se négocient pas, tout le monde connaissant les prix. À côté de quelques fruits, légumes et café, des vêtements arrivés d’occident viennent chercher une seconde vie, que celle-ci usera jusqu’à la corde. Les gamins ne les porteront plus le jour où il y aura tellement de trous qu’on ne saura plus où mettre la tête ni les bras. Les enfants courent partout et je me demande comment chacun retrouve ses petits. Il y en a tant, tellement et partout.

 

Bref, si cette fois-ci les décors ne sont pas des plus joyeux, il n’en reste pas moins que tous continuent de sourire, de s’amuser de rien et de considérer que le temps n’est pas une valeur qui leur permettra de survivre, donc à quoi bon se presser…

 

Quelques photos ajoutées.

 

À bientôt,

 

L’Abeille



08/09/2017
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