RDC – 25 septembre 2016 – Kinshasa
En ces périodes un peu troubles, où il est difficile de comprendre qui est responsable de quoi, on ne peut se rattacher qu’à certaines réalités, l’infime partie qu’on voit et qui concerne le quotidien de millions de Congolais.
Peu importe les manifestations, les événements politiques ou les combats de rue, il faut manger, l’économie du pays ne leur permettant pas d’en faire (des économies). Et, à ce titre, quelques francs manquant se ressentent immédiatement dans la gamelle le soir. Certes, parfois, on ne peut se déplacer car les taxis collectifs ou bus ne peuvent sortir de peur de subir des dégâts liés à une foule en délire, à un gouvernement sur la défensive, à des partisans hors de tout contrôle. Mais, dès qu’une ouverture est possible, il faut que la vie reprenne son cours. Il faut repartir cirer des chaussures, vendre des cigarettes à l’unité, des chargeurs de téléphone chinois le long des interminables files de voitures, attendant que le feu, s’il marche, passe au vert. Et c’est là, une triste réalité. Tant le poids du quotidien est lourd que regarder ce que pourrait être demain est une impasse. La politique est une affaire de nantis et le peuple constate sa condition au travers de sa vie quotidienne. Mais, finalement, est-ce tant que ça une particularité congolaise ? On peut argumenter que la méthode diffère mais la base de départ n’est pas non plus la même et, là où rien n’existe, se battre pour tout est une question de survie.
Essayons de nous diriger vers des horizons plus joyeux. Car, même en ces instants, l’humour est toujours là. Quoi de plus étonnant, alors que le pouvoir est contesté, que d’apercevoir le sosie de Mobutu se pavaner dans les lieux chics de Kinshasa (je vous laisse l’admirer dans la catégorie « photo »). Fier, semblant braver des non-dits, à un moment où personne ne l’attend, le passé semble une alternative au futur, l’espace de quelques minutes… Nombre de personnes ayant connu le régime du feu Maréchal se rappellent les bons moments et en oublient d’autres. L’expression « comprenez mon émotion » refait surface à tout bout de champs, bien que parfois, à proximité de quelques militaires, un doux malaise se fait sentir. Mais que faire ou que dire ? Il n’y a pas « d’atteinte à la sécurité de l’État » et les fantômes sont ici une réalité qu’il faut respecter. Contradictions et provocations, mêlées à une touche d’inconscience, restent finalement des constantes qui, elles, ne dépendent pas du quotidien mais d’une culture ô combien inaccessible.
Pour terminer, pour tous ceux qui sont désireux de venir voyager en RDC, voici deux conseils à utiliser tous les jours, afin de ne pas être frustré, déçu ou tout simplement incapable de rallier vos projets.
Inutile de demander à un congolais si l’on est bientôt arrivé ou s’il faut attendre encore longtemps le bus, le train, son interlocuteur (ou questions similaires). Car, pour lui, la réponse sera toujours « oui » (comprenez « pas très loin/pas très longtemps »), qu’il vous reste 2 ou 300 kilomètres à parcourir. Peu importe. Vous y arriverez et, à ce titre, ce ne sera pas très long.
Si vous êtes perdus, demandez votre direction sans jamais en indiquez une. Si, par malheur, de la tête ou autre, vous donnez une indication quelconque, votre interlocuteur ne saura que vous réconforter dans votre choix, même si vous désignez l’exact opposé de là où vous devez aller. Beaucoup d’entre nous y ont laissé un temps précieux pensant être bientôt arrivé, mais se retrouvant à l’exact opposé d’un endroit bien trop loin, redonnant au mot « voyage » ses lettres de noblesse : celle de parcourir des distances plutôt que de rejoindre une destination. Bien sûr, dans de nombreux cas, il sera attendu une « petite motivation » pour remercier du renseignement demandé, quel qu’en soit sa justesse. Mais on ne rétribue pas la qualité de l’information, mais l’action.
Bonne soirée,
L’Abeille
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