L'Abeille

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RDC – 28 août 2016 – Kinshasa

Il est temps de s’éloigner un peu des villes et de se plonger dans quelques zones rurales où, de manière très étonnante, en dehors de la langue qui n’est que trop rarement la même, les habitudes et atmosphères de vie ont tendance à se ressembler de manière bien surprenante.

 

La grande majorité des villages ne survivent que grâce à l’agriculture et l’envoi d’argent. L’électricité n’est présente que sous forme de panneaux solaires alimentant de petites radios ; l’eau ne se trouve qu’à plusieurs dizaines de minutes à pied ; parfois le téléphone portable fonctionne, mais parfois non. De toute façon, ce dernier reste très, voire trop cher pour tous et seuls un ou deux petits commerces font office de cabine publique. Dès que quelques sous rentrent après les jours de marché, femmes comme hommes s’enivrent au vin de palme, la bière ayant du mal à rejoindre ces contrées trop reculées et, le dimanche, beaucoup se réunissent dans de petites paillotes pour prier ou implorer un Dieu qui diffère d’une rue à une autre, tant les églises du réveil, fraîchement arrivées, se délectent de ces populations naïves, arrivant même à leurs soustraire ce qu’elles n’ont pas, sous promesses d’une vie meilleure, un jour…

 

Alors, quand un étranger arrive, rapidement sa visite devient source d’attraction, de curiosité et peut-être d’espoir.

 

Les tams-tams résonnent, celles et ceux aux champs accourent, celles et ceux dans les huttes faisant de même. Rapidement, des chaises en plastiques, rondins de bois et autres support de séant prennent place en cercle car, ici, on ne s’assoit pas par terre. En général, ces assemblées, spontanées ou préparées, se font toujours sous un grand arbre, de manière très protocolaire avec une place prédéfinie pour chacun, en fonction de son rang et de son rôle, et parfois de son sexe, car la parité n’est pas une notion très bien définie. Tout d’abord, il faut que la politesse fasse son chemin. Aucun palabre ne peut commencer sans qu’on ait remercié toutes et tous, en fonction de leur rang et de leur rôle au sein de la communauté. Une fois cela fait, chacun s’écoute religieusement pour qu’à la fin une décision soit prise, tant qu’elle est l’accord de tous. Autrement, rien ne se fait et le statu quo domine. Et, bien sûr, le temps reste une valeur abstraite, qu’aucun ne maîtrise mais que tous vivent.

 

Et l’extérieur fait peur. Bien qu’aller en ville puisse être salvateur, encore faut-il comprendre le langage du monde urbain. Tout d’abord, il faudra emprunter la route, regarder le chauffeur du bus négocier avec un policer une amende la plus petite possible, l’homme en uniforme lui reprochant un usage abusif du bitume car il fait la liaison tous les jours entre ici et là. Il faudra ensuite changer ses codes et comprendre que la communauté n’existe que trop peu et que seuls les proches déjà installés seront un possible support, en espérant devenir, un jour, également un soutien et savoir, au minimum grâce à la « débrouille », faire vivre un pan entier de la famille. Ceux restés loin seront également peu avares en communication de toutes sortes afin de récupérer également quelques francs, envoyés grâce à des sociétés de transfert d’argent qui, même dans les endroits les plus reculés, permettent de « palper quelques billets ». Une chaîne que certains qualifient de solidarité, d’autres de véritables poids pour la personne, empêchant le développement individuel.

 

Mais l’exode rural en cours en RDC marquera probablement dans les prochaines années un tournant dans la manière de vivre, entraînant probablement la perte de nombreux repères communautaires.

 

Quant à savoir si cela est une bonne chose, il revient à chacun d’y apporter sa réponse en s’appuyant sur ce que nous sommes.

 

À bientôt,

 

L’Abeille



28/08/2016
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