L'Abeille

L'Abeille

RDC – 3 – 22 janvier 2008

Bonjour à tous,

 

Ça y est, la vie commence à se poser et je commence à absorber les premiers rouages de la vie congolaises, que ce soit au niveau pro ou perso...

 

En résumé, faut pas être pressé, faut pas s'affoler et, de toutes façons, on n’a pas le choix... Soit on adopte la « locale attitude », soit on devient fou en quelques heures... Les seuls moments où j'arrive à me défouler et travailler à un rythme « normal » sont quand je suis sur mon ordinateur et que personne n'interfère (quoique même les mails mettent au minimum une heure pour arriver, avec une bonne moyenne de cinq heures et un record de quatre jours ; si même l'informatique s'y met...).

 

Ces derniers temps, j'ai pu voir des choses assez surprenantes, allant de la dote pour un mariage, en passant par un maire qui restreint les accès à sa mairie, et des avions qui ne savent plus voler... Je m'explique.

 

Si un de ces jours, vous décidez de vous rendre à la mairie de Lubumbashi, ne soyez pas surpris si vous voyez une fourmilière de personnes monter et descendre l'escalier principal uniquement sur les bordures de l'escalier (soit 80 centimètres de chaque côté), tandis que l'allée centrale de ce même escalier (environ 3 mètres) est vide et, bien entendu, sur les 80 marches, soit la totalité de cette infrastructure. Explication : Monsieur le maire s’est fait installer un tapis (sur 3 mètres de large pour ceux qui n'auraient pas suivi) et en a interdit l'usage à tout le monde, sauf à lui... Et, moi, en bon mouzoungou (Blanc en congolais), je décide d'attaquer l'escalier par la face « tapis rouge » (sans connaître cette loi). Je n'ai pas posé un pied sur la première marche que 40 personnes me hurlent dessus pour m'en interdire l'accès et me faire passer sur la « bordure montante ». On rigole pas avec ces choses-là ! J'aurais quand même bien aimé au moins toucher le tapis, il avait vraiment l'air chouette...

 

Pour ce qui est des avions, on est loin, mais alors très loin des plus faibles charters français... Premièrement, il faut que ceux-ci puissent décoller, c’est-à-dire que l’avion soit en bon état de marche. Et, la semaine dernière, j'ai eu deux expat’ coincés pendant une semaine à la maison car, sur quatre compagnies, aucun avion ne pouvait (ou ne voulait) voler... Il existe sinon la solution des avions de transports locaux (qui nous sont interdits pour raison de sécurité) : ceux-là volent (quoique...) et avec un confort à toutes épreuves... Prenez un avion-cargo (donc sans hublot, sans lumière intérieure, accès assez sport...), mettez des chaises de jardin en plastique à l'intérieur, et vous avez le top du standing volant congolais... Ça a un certain charme. Bien sûr, les avions ne sont pas pressurisés, et il faut douze heures pour retrouver une audition correcte...

 

Pour continuer, les histoires d'amour en Afrique ne se passent pas forcément comme celles en France et pourraient en choquer plus d'un…

 

Une fois qu'on a repéré celle qui pourrait être sa promise, il faut apporter plusieurs caisses de bière (véridique) à la belle-famille pour dire qu'on est intéressé par Mademoiselle. Cet épisode passé, on a le droit de rendre visite, mais surtout pas de manger avec tout le monde... Vient le moment des fiançailles (si jamais les deux familles ont donné leur consentement, après avoir jugé des pieds à la tête la partie adverse), où l'on discute de la dote (donnée pour avoir la mariée). Dans cette histoire, c'était assez simple : pour beau-papa, une paire de soulier, un costume, une cravate, un bouc (l'animal, pas le tas de poil tombant du menton), quatre caisses de bière (de la Simba), et deux caisses de Coca et Fanta. Pour belle-maman, un jeu de casseroles, une couverture, une chèvre, une lampe tempête, un sac de sel, et 10 litres d'huile. Pour toute la famille : 1 000 dollars...

 

Vient la fête de la dote, et là... Chaque famille est installée dans un coin de la pièce sur deux rangs. Côté famille de la mariée, le père est aux premières loges avec une chaise vide à ses côtés ; côté famille du marié, les oncles sont en avant avec le marié derrière qui ne doit rien dire... On amène la mariée, on lui montre son « futur époux » en lui demandant de confirmer si c'est bien lui ou un imposteur. Une fois qu'elle a acquiescé (ouf), on la pose sur sa chaise et elle ne dit plus rien (comme le marié d'ailleurs). On amène la dote au fur et à mesure en commençant par celle de beau-papa. Pour ce qui est des 1 000 dollars, ils sont comptés à voix haute devant tout le monde, et on ne verse qu'un acompte de 50 %. Le solde sera versé dans deux ou trois ans... La dote acceptée, la mariée passe dans le camp du marié (et lui appartient), et s'ensuit une joute entre les familles pour décider de la date du mariage, qui permettra enfin à nos futurs époux de pouvoir partager quelques moments plus... intimes.

 

À l'issu de la soirée, aucun accord n'était conclu entre les deux parties car, d'un côté (celui de la mariée), on voulait au minimum trois mois et, de l'autre, une semaine. La réponse est tombée aujourd'hui : ce sera une semaine (ça va être la fête vendredi soir ! je vous raconterai ça).

 

En lisant mon mail, ne vous méprenez cependant pas sur mon regard sur le Congo. C'est un pays fabuleux, avec des habitants très attachants, mais une politique qui ne fait que dégrader le pays, au grand désespoir des habitants. Je commence à avoir des amis congolais, et ils ont une vision des choses et de la vie incroyable. Ils sont très réalistes sur leur sort et on commence à voir une nouvelle vague de pensée s'élever dans tout le pays (on parle d'un coup d'état d'ici 6 mois, à suivre...). Et, pour rien au monde, je ne regretterais d'être là.

 

J'arrête de vous assommer et vous en dirai plus dans mon prochain mail.

  

L'Abeille

  

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22/01/2008
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