L'Abeille

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Libye – 3 mars 2012 – Sirt

À quelques jours de mon départ (final) de Libye, me voici depuis une semaine à Sirt, ville martyre de la révolution. Les ravages sont tels qu'il est préférable de reconstruire plutôt que de réparer et c'est un immense chantier à ciel ouvert qui s’opère dans la ville. Des camions stationnent aux portes de la ville, vendant des sacs de ciments, les fabricants de vitres et fenêtres croulent sous les demandes et le tarif de la main d’œuvre (égyptienne pour la plupart) explose complètement ! La ville s'est transformé en une fourmilière de maçons, plombiers et bulldozers, au milieu desquels les milices lourdement armées trouvent encore la place de flâner.

 

Il faut dire qu'il y a tout juste un an (17 février) éclatait la révolution libyenne (qui se termina à Sirt le 20 octobre 2011), mettant sous tension tout le pays pour cet anniversaire. Bien des rumeurs ont circulé, disant qu'une nouvelle guerre allait commencer, que les partisans du précédent dictateur allaient revenir... Certes, la sécurité à travers tout le pays a été renforcée. Les check-points se sont développés comme des champignons. On ne comptait plus le nombre de soldats/miliciens très lourdement armés contrôlant, parfois violemment, les véhicules. Mais, finalement, n'est-ce pas le résultat qui compte ? Le 17 au soir, Tripoli était tout simplement incroyable. Une vraie ferveur et richesse régnait dans la ville. Le ciel était inondé de milliers de lanternes volantes (petits ballons de papier où l'air est chauffé par une bougie), des feux d'artifices explosaient à chaque instant et la joie des manifestants se faisant entendre au travers des klaxons et autres cris. Plus une voiture ne bougeait. Les routes ne ressemblaient qu'à un long vers de lumière, mais tout le monde était heureux, agitant son drapeau, montant sur les capots, chantant et dansant, louant un dieu du nom d'Allah, et faisait des projets d'avenir. Tout aussi symbolique, le nombre de mariages dans le pays a explosé, chacun voulant inscrire dans sa mémoire, son histoire, ce qui était encore inenvisageable une année auparavant.

 

Mais ne tombons pas dans la généralisation car, malheureusement, il ne faut pas croire que tout le pays était ivre de joie. Pour certains, cet anniversaire ravive la mémoire des disparus, la fin d'une belle époque... C’était donc plus une journée de commémorations que de célébrations, et certaines manifestations un peu trop visibles dans certaines villes (comme Sirt) ont pu choquer et raviver des tensions.

 

Pour en revenir à Sirt, pour la population, bien qu'elle semble se consacrer à ce que sera demain, jouer avec les armes d'autrefois fait encore parti du quotidien. Pas une heure sans que ne résonne une kalachnikov, sans que le voisin ne décide d'utiliser son mortier ou bazooka pour tirer dans la mer, sans que des grenades n'explosent sur la plage. Et le pire, c'est qu’on s'y habitue, l'oreille arrivant même à faire la différence entre ces manifestations de « joie » et les rares moments où il s'agit de réels combats, car, malgré tout, il en reste quelques-uns. Mais n'est-ce pas normal ? N'avons nous pas connu en France de tels règlements de compte après la Seconde Guerre mondiale (ou d'autres) ? Alors pourquoi serait ce-différent ici ?

 

À bientôt,

 

L'Abeille

 

P.S. : Comme d'had’, de nouvelles photos seront ajoutées d'ici peu de temps.



03/03/2012
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