Libye – 28 novembre 2011 – Tripoli
On pourrait assimiler ce que j'observe à un magasin qui serait en train d'ouvrir après un long week-end.
Tout doucement, tout ré-ouvre. On balaie les trottoirs, on replante quelques arbres, on peint une façade ici et là ; les volets métalliques, autrefois verts par obligation, sentent la peinture fraîche et arborent de nouvelles couleurs, visant à éradiquer les démons de l'ancien régime. Une certaine euphorie règnent ici et là, et l'on attend avec impatience l'arrivée des containers pour regarnir tous les étalages et ne plus vivre sur ses réserves. Les rues retrouvent vie et agitation, même si certains produits sont encore estampillés (et expirés) février 2011 (date de la révolution).
La Libye n'est pas ce que nous pourrions appeler un pays pauvre. Détruit par endroits, il n'en reste pas moins riche, très riche. Depuis plus de huit mois, pas un salaire n'a été versé, et pourtant très peu de mendiants dans les rues. On continue à rouler dans des voitures neuves et à s'acheter des produits de luxe dans la zone commerciale de Gargaresh ou dans la rue du 1er septembre. C'est vrai que c'est toujours différent dans la capitale d'un pays mais, pour le reste du pays, c'est sensiblement la même chose. Dans les papèteries, on trouve quantité de coffres-forts à vendre et les poches des Libyens sur les souks sont encore remplies de billets toujours frappés à l'image de Kadhafi !
Pour ce qui est des voitures et de la circulation, on retrouve une certaine anarchie, où les conducteurs ne respectent que partiellement une toute aussi partielle signalisation et où la police, bien que présente mais pas encore respectée, ne cherche qu'à pousser les voitures n'allant pas assez vite. On assiste ainsi à des courses entre camions et mobylettes, à des rodéos sur les places ou tout simplement à des gamins de 12 ans conduisant le Hummer de leur père. Mais il ne faut pas oublier une différence notable par rapport à pas mal d'autres pays : beaucoup de voitures sont neuves !!! Enfin, et histoire de nous faire râler sur notre condition automobile, un plein d'essence pour une grosse berline coute ici 4 $. À méditer...
Mais n'en n'oublions pas qu'il faut reconstruire le pays. Beaucoup de bâtiments sont écroulés ou endommagés, de nombreuses vitres soufflées, des rues à nettoyer... La liste est longue mais le problème est court. La Libye, avec le temps, était devenue un pays où l'éducation avait une place très importante et les petits métiers étaient laissés aux Africains sub-sahariens qui ont aujourd'hui déserté le pays. Et il va falloir du temps avant que cette main d'œuvre soit à nouveau la bienvenue ici, car le conflit a laissé des traces et des tensions entre bien des communautés.
Quelques photos ajoutées, et d'autres suivront dans la semaine...
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