Libye – 28 octobre – Tripoli
Me voilà pour quelques mois résidant d'une cité qui, rien que par son nom, ne laisse pas indifférent, tant par son actualité brûlante que par son passé glorieux. Première porte sur ce pays qui ne demande qu'à s'ouvrir...
Difficile de la décrire. En quelques mots, Tripoli est une cité riche. Les rues et boulevards sont vastes, séparés en leur milieu par des alignements de palmiers et lampadaires néo-classiques ; de grandes maisons à deux ou trois étages, parfois californiennes, parfois « moderno-orientales », se rangent tout au long des avenues ; quelques tours modernes s'élèvent en bord de mer, gardant tranquillement l'entrée d'un port, où des cargos attendent au large de pouvoir charger ou décharger. Quant à la Méditerranée, elle embrase les bords de mer et certains quartiers de la ville de son odeur si typique. La vielle ville domine cette dernière, mais je vous en parlerai un peu plus tard.
Sur le papier, une vrai carte postale, mais la réalité est aujourd'hui tout autre. La révolution, ayant commencé dans l'Ouest du pays en février, est passée par là, et dans bien des endroits ; les ruines des bombardements ou les impacts de balles nous le rappelle constamment...
C'est vrai, un certain état de grâce règne dans le pays, surtout depuis la chute définitif et officiel du régime... On ne compte plus le nombre de coups de feu tirés en l'air pour manifester sa joie, ni les véhicules conduits par des femmes qui, bien que suivant (pour la plupart) la mode vestimentaire musulmane, ne se gênent pas pour rouler vite, très vite, zigzaguer au milieu des rues et défier les passants en essayant de couvrir de leurs voix et leurs gestes la musique jetée ça et là par des haut-parleurs digne des plus grands concours de tuning.
Les murs sont entièrement ornés de graffitis reflétant la vision de chacun de la révolution. Mélange de couleurs et de motifs, le nouveau drapeau libyen reste la base de toutes les inspirations avec ses trois couleurs, tandis que les rideaux de fer des magasins suivent à peu près le même exemple. Des colombes portant le drapeau peuvent, entre autre, côtoyer des théâtres aux rideaux libyens, ou bien des bédouins rouge, vert et jaune chevauchant leur chameaux en plein désert. L'imagination s'exprime sous des formes bien différente, et déambuler pour contempler cet art de rue est un vrai bonheur.
C'est vrai qu'ici c'est encore le Far West. Pas de loi, pas de police, pas de gouvernement. Chacun est libre de faire ce qu'il a envie, et celui qui ne se promène pas avec son arme sous le bras est apparenté à un ringard. Pour être à la mode, il faut avoir une grosse mitraillette fixée à l'arrière de son 4*4, s'habiller de tenues de camouflage et, surtout, dès qu’on est content, l'exprimer en tirant en l'air, plusieurs fois... La ville est donc un véritable opéra à ciel ouvert, où résonnent constamment des bruits de mitraillettes et autres armes anti-aérienne. Même en pleine nuit !
Voilà pour les premières impressions ; je ne vais pas non plus tout raconter aujourd'hui !
À bientôt,
L'Abeille
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