L'Abeille

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Libye – 25 janvier 2012 – Tripoli

Ici plus qu'ailleurs, il existe des mondes parallèles, une vie « underground », ou une vie initiée par des communautés venues d'ailleurs.

 

On pourrait citer deux exemples : comment les jeunes Libyennes (Tripolitaines) sortent de leur cercle conservateur pour s'offrir quelques instants de folies (et de décadence ?) mais également comment les communautés africaine (sub-saharienne) arrivent à vivre leur religion dans un pays musulman.

 

L'invitation est lancée, il ne faut surtout pas en parler à qui que se soit. Ce doit être secret et en petit comité. Si ça s'ébruite, les voisins ou l'entourage familial pourraient créer beaucoup de problèmes, et la réputation de l'hôte pourrait être sérieusement entachée. L'heure reste africaine. On dit 19 h mais il ne faut surtout pas arriver avant 21 h. Après avoir trouvé la maison, la porte s'ouvre tandis que se cache derrière elle une jeune Libyenne de 25 ans. Elle ne doit pas être vue de la route car elle n'a ni foulard, ni tenue longue. C'est plutôt l'inverse. Je cherche à travers toute cette peau mise à nu quelques vêtements, mais les pièces de tissu sont plutôt rares, bien qu'existantes (on se calme !!!).

 

J'arrive ensuite dans une immense maison, où la cuisine fait déjà la taille de mon appartement français. Différents salons se disposent autour d’une grande pièce où, comble de bonheur, une dizaine de jeunes Libyennes dansent, toutes habillées (si le mot convient) de taffetas, de soie ou autres tissus soyeux aux couleurs chatoyantes (parfois au goût discutable), mais le mot d'ordre « tenue légère » a été respecté à la lettre. Dur choc pour mon petit cœur car, quelques minutes plus tôt, je déambulais encore dans les rues conservatrices de la capitale. Mais mon regard est soudain attiré par d'autres formes tout aussi singulières... La présence d'une bonne dizaine de bouteilles d'alcool flambant neuves, disposées sur les tables, au milieu du couscous et autres plats traditionnels. Joli choc des cultures. Peu d'hommes : deux Libyens, deux Coréens (déjà complètement saouls), qui essaieront de faire un karaoké toute une partie de la nuit, et moi... Bref, le rêve ! De désuets haut-parleurs crachent une musique qu'on ne connaît que trop bien dans les clubs londoniens, tandis que ces demoiselles se déchaînent sur la piste de danse et que les quelques hommes se délectent des scènes. Par moments, on se serait cru dans un clip de rap tourné aux USA. Il ne manquait plus qu'un jacuzzi et quelques bouteilles de champagne. Mais la soirée avance, l'alcool fait son effet sur ces jeunes demoiselles peu habituées à boire et, au bout de quelques heures, il y a plus de personnes en train de faire la queue ou de courir pour chercher une bassine avant de régurgiter ce que leur estomac ne veut plus.

 

Un coup de sonnette et c'est la panique générale. En quelques secondes, les bouteilles disposées sur le bar disparaissent et les plus ivres retrouvent une dignité incroyable, tandis que les manteaux longs, préparés au cas où, sont dispersés sur les épaules nues. Ne reste comme traces que deux Coréens (toujours ivres morts) encore en train de chanter sur une musique qui n'existe plus, n'utilisant pour micro que le cadavre d'une bouteille de Soda. Mais, fausse alerte, ce n'était qu'une invitée qui était sortie fumer (encore une grave entorse) et, tout aussi rapidement, chacun retrouve sa place : les blousons sur les porte-manteaux, les comas éthyliques dans les toilettes et les bouteilles sur les buffets, et ce jusqu'au petit matin.

 

En face d'une mosquée où la djellaba et la barbe sont de rigueur se trouve un bâtiment carré, sans signe distinctif particulier. Mais, en y regardant de plus près, on y trouve d'imposantes mamas noires en boubou, des cow-boys aux chapeaux léopards et bottes en caoutchouc, le tout mélangé à des tenues de soirées ou des cravates à l'effigie de Marie, Jésus ou d'un quelconque chef d'état, dénotant étrangement avec les voisins cités précédemment. On se croirait en Afrique noire dans une des ces églises où le chant, la danse et le bazar font (pour mon plus grand régal) une animation de chaque instant. Mais c'est une autre histoire que je vous conterais prochainement... Mes doigts fatiguent…

 

À bientôt,

 

L’Abeille



25/01/2012
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